Le volume des fusions et acquisitions d'entreprises dans le monde a dépassé pour la toute première fois la barre des 5.000 milliards de dollars en 2015, tiré par une série de fusions géantes comme celles de Pfizer et Allergan ou d'AB InBev et SABMiller, a annoncé mardi Dealogic.
Ce cabinet de consultants, qui figure parmi les références en matière de recensement des fusions et absorptions d'entreprises sur la planète (ou M&A pour Mergers and Acquisitions en anglais), a expliqué que le total des sommes investies dans ces opérations avait atteint cette année 5.030 milliards de dollars, entre le 1er janvier et le 29 décembre.
Cela constitue un record absolu et ce chiffre représente un bond de 37% par rapport au volume mesuré en 2014. Ce total était plus de deux fois moindre en 2009 au moment de la crise financière internationale, puis a évolué entre 2.500 et 3.000 milliards de dollars de 2010 à 2013, avant de décoller l'an passé.
Le volume de M&A avait souffert des conséquences de la crise financière internationale, mais a récemment profité du climat un peu moins anxiogène sur les marchés, même si celui-ci n'est pas encore complètement serein. Des conditions de crédit encore favorables, sur fond de politiques monétaires très accommodantes des grandes banques centrales, ont aussi pu convaincre des directions de grandes firmes de passer à l'action.
"Le volume a été dopé par 69 opérations de M&A supérieures à 10 milliards de dollars en 2015 à ce jour, totalisant 1.900 milliards de dollars, soit plus du double" du total de l'an passé, a expliqué Fidelia Liu, consultante chez Dealogic.
Sur ce total de fusions et acquisitions très importantes, elle a distingué dix opérations géantes, portant sur plus de 50 milliards de dollars, aux motivations très hétérogènes. La principale de l'année, annoncée fin novembre entre les géants américains de la pharmacie Pfizer et Allergan pour 160 milliards de dollars, relève ainsi pour une bonne part de la volonté de payer moins d'impôts.
Le fabricant du Viagra et celui du traitement anti-rides Botox auront ainsi leur futur siège social commun en Irlande, là où est déjà situé celui d'Allergan et où le taux d'imposition des entreprises est presque trois fois moins élevé qu'aux États-Unis.
D'après Dealogic, cela constitue la deuxième plus importante opération de M&A jamais réalisée dans le monde, après le rachat du conglomérat allemand spécialisé dans le mobile Mannesmann par le groupe britannique de télécoms Vodafone (L:VOD) pour 172 milliards de dollars, en novembre 1999.
- L'immobilier proche des performances de 2007 -
La deuxième opération la plus importante de 2015 concerne le secteur de la bière, avec le rachat du britannique SABMiller par le belgo-brésilien AB InBev pour 117,4 milliards de dollars annoncé début novembre, une transaction qui constitue la quatrième principale de l'histoire.
Ce faisant, AB InBev veut se renforcer sur les marchés en croissance où SABMiller est très présent, en Asie, en Amérique centrale et du Sud, et surtout en Afrique.
Ces deux énormes opérations dans la pharmacie et la brasserie doivent néanmoins encore être validées par des autorités de régulation.
La troisième principale opération de l'année concerne le secteur pétrolier, avec le rachat du britannique BG Group (L:BG) par l'anglo-néerlandais Royal Dutch Shell pour 81,5 milliards de dollars. Il s'agit ici de renforcer la position de Shell dans le gaz naturel liquéfié (GNL), dans un contexte rendu difficile par la chute des cours des hydrocarbures.
Au final, le secteur de la santé a suscité le plus d'opérations de M&A en 2015 (724 milliards de dollars), devant celui des technologies (713 milliards de dollars) et de l'immobilier (458 milliards de dollars), qui a retrouvé un volume de M&A proche de celui de 2007, juste avant l'explosion de la crise des prêts "subprime" aux États-Unis, qui avait déclenché une tempête financière.