Inquiétude et colère ont marqué vendredi l'assemblée annuelle d'Euro Disney , les petits actionnaires s'interrogeant sur l'OPA qui va être lancée fin avril par la maison-mère américaine au terme de 25 ans de dégringolade boursière.
"J'ai toujours considéré Euro Disney comme ma deuxième maison, et aujourd'hui je vois que le rêve s'est transformé en cauchemar", résume au micro Pascal, la voix affectée, lors de la séance de questions-réponses précédant le vote des résolutions.
Des centaines de petits porteurs s'étaient retrouvés au Centre des congrès de Marne-la-Vallée pour prendre part à l'AG (Assemblée générale des actionnaires), une deuxième salle ayant dû être ouverte pour pouvoir les accueillir.
Au centre des interrogations, le lancement - le 26 avril - d'une offre publique d'achat (OPA) par The Walt Disney Company (NYSE:DIS) qui souhaite racheter les 14% du capital d'Euro Disney qu'elle ne détient pas encore, dans le but de reprendre un contrôle total de sa filiale française lourdement endettée.
L'OPA sera ouverte du 26 avril au 23 mai, avec un prix d'achat de deux euros par action. Depuis son introduction à la Bourse de Paris en 1989 au prix de 11 euros, le titre n'a cessé de faire le yoyo, et seul un dividende de quelques centimes a été distribué dans les années 1990.
"Une offre équitable?" interpelle un autre actionnaire, arguant qu'une sortie à deux euros "est fatale. Deux euros est un prix qui nous déçoit, c'est indécent, qu'est-ce que vous nous proposez face à cette perte que nous avons subie depuis fort longtemps ?", dénonce-t-il.
Pour un autre petit porteur "de la première heure", "c'est regrettable, on sent qu'on est des figurants et que vous n'en avez rien à cirer. Vous tenez un double langage, ou bien vous voulez fermer la boutique aux actionnaires et les mettre dehors, ou bien vous voulez qu'Euro Disney vive et perdure", s'écrit-il en colère, alors qu'une averse s'abat sur le bâtiment.
"Les petits actionnaires ont été rincés par la mise en Bourse à 11 euros. Je demande solennellement, ici, de remettre à tous les actionnaires un passeport à vie" pour l'accès au parc, réclame un autre actionnaire individuel.
- "Situation difficile" -
"Nous comprenons que c'est une situation difficile", répond en anglais Spencer Neumann, qui représente à la tribune la maison-mère américaine, et pour qui la cession des titres à TWDC est "une bonne solution".
"On voit combien tout cela vous touche [...] c'est très important pour nous de continuer à garder le dialogue", a pour sa part réagi la présidente d'Euro Disney, Catherine Powell, qui dit "mesurer la responsabilité qu'est la mienne".
Elle a affirmé que "les membres du Club Actionnaires verront leurs avantages maintenus dans les 10 prochaines années", y compris ceux qui décident de céder leurs titres dans le cadre de l'OPA.
Entre 3.500 et 4.000 personnes font partie de ce club qui accorde certains avantages comme 15% de réduction sur les entrées, restaurants et boutiques. Depuis 2016, la condition pour y appartenir est de détenir au moins 1.000 actions (contre un seuil de 100 actions avant 2016, et de 5 actions avant 2005).
Si au terme de son offre TWDC détient 95% du capital d'Euro Disney, elle retirera le titre de la cote d'Euronext Paris. Elle initiera ensuite une énième recapitalisation du gestionnaire de Disneyland Paris - d'un montant maximum de 1,5 milliard d'euros - pour réduire sa dette qui dépassait le milliard d'euros à la fin de l'exercice clos en septembre 2016.
Depuis l'ouverture de l'énorme complexe il y a 25 ans, la maison-mère a multiplié les injections d'argent frais. Mais c'est sur une perte nette record (858 millions d'euros) qu'Euro Disney a bouclé son exercice 2016, notamment perturbé par une baisse de fréquentation suite aux attentats.
Reste à savoir quelle sera l'attitude des actionnaires détenant les 14% du capital visés par TWDC - majoritairement des fonds d'investissement français et étrangers - qui n'ont pas encore communiqué leur décision.