Le caractère unilatéral de la politique économique américaine crée une forte incertitude sur la croissance mondiale en remettant en cause les institutions et les échanges. La perception d’un risque fort a marqué l’année 2019. La guerre commerciale déclarée par la Maison Blanche et la réponse systématique des Chinois ont entretenu tout au long de l’année la possibilité d’une rupture et d’un choc persistant sur l’activité économique. Cela a été avéré puisque la croissance mondiale s’est infléchie. Ainsi dans dans la plupart des grands pays, la production industrielle s’est elle repliée (US, zone Euro, Japon) ou a-t-elle ralenti franchement (Chine).
Cette situation nouvelle ne trahit cependant pas la volonté exprimée par le locataire de la Maison Blanche. Outre-Atlantique, le chef de l’Etat fait l’hypothèse que l’économie globale est un jeu à somme nulle. Dès lors, les choix qui ont été fait sont rationnels. Ce qui est fabriqué aux USA ne l’est pas en Chine ou ailleurs et cela bénéficie aux entreprises et salariés américains. C’est dans cette idée que Trump a mis en place sa politique tarifaire qui s’est traduite par une hausse spectaculaire des droits de douane notamment vis à vis de la Chine tout en provoquant cette récession manufacturière.
J’associerais à cette dynamique la notion de risque. Comme le suggérait Frank Knight en 1921, le risque peut être probabilisé de façon objective. L’inflexion observée sur l’activité du fait de la politique américaine pouvait être anticipée. Les échanges sont grippés par les tarifs plus élevés et l’impact sur la production industrielle est rapide et fort puisque l’on échange principalement des produits industriels.
Un accord signé avec la Chine, probablement au début de l’année 2020, réduit le risque d’un embrasement rassurant l’ensemble des investisseurs. C’est ce qui explique la hausse récente des taux d’intérêt. J’avais écrit sur ce point ici.
La situation globale pourrait cependant évoluer dans un sens plus complexe et provoquer davantage d’incertitude
Au sens de Franck Knight cette incertitude est associé à une probabilité subjective i.e. qui ne peut pas être évaluée de façon systématique à partir de modèle et de lois clairement définies.
La raison de cette incertitude supplémentaire résulte du caractère unilatéral des positions américaines qui vient en contraste avec la globalisation mise en place depuis l’après seconde guerre mondiale. Le cadre dans lequel la croissance a évolué depuis 70 ans pourrait être remous en cause.
Depuis les années 1959, les échanges se sont accrus notamment à partir de la fin des années 50 et les institutions mises en place (du FMI au GATT) avaient pour objectif de créer le cadre dans lequel ces échanges pourraient s’effectuer de la façon la plus efficace.
Chaque pays avait la tentation objective de jouer le jeu car chacun y trouvait un intérêt. Les échanges tiraient la production vers le haut. L’emploi et les revenus en ont alors largement bénéficié. Cette trajectoire a été celle des pays développés puis les pays émergents se sont inscrits dans cette dynamique vertueuse.
De façon récente, on a pu constater l’impact très fort pour la Chine de son adhésion à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en décembre 2001 ou de façon plus ancienne l’avantage qu’a pu avoir le Royaume Uni lorsqu’il est entré dans l’Union Européenne en 1973.