par Roberta Rampton et Emily Flitter
WASHINGTON (Reuters) - Deux femmes accusent Donald Trump d'attouchements déplacés dans un article choc publié mercredi par le New York Times, des allégations qualifiées d'"invention" par les équipes de campagne du candidat républicain déjà mis en cause le week-end dernier pour des propos graveleux à l'égard des femmes.
L'article du Times a été suivi par une série d'autres témoignages de femmes publiés dans plusieurs journaux. Cette nouvelle affaire devrait encore un peu plus ternir la réputation du candidat républicain à la Maison blanche, à la traîne dans les sondages, à moins d'un mois de l'élection présidentielle du 8 novembre aux Etats-Unis.
Une des femmes, Jessica Leeds, aujourd'hui âgée de 74 ans, apparaît dans un témoignage vidéo mis en ligne sur le site du New York Times. Elle se souvient d'avoir été assise à côté du promoteur immobilier dans un avion, en première classe. Elle situe les faits en 1980 ou à peu près. Elle raconte qu'après une brève discussion, Donald Trump lui a touché la poitrine et tenté de mettre la main sous sa jupe.
"Il était comme une pieuvre", déclare-t-elle au quotidien, "ses mains étaient partout".
La seconde femme, Rachel Crooks, rapporte avoir été "embrassée directement sur la bouche" devant un ascenseur par Donald Trump en 2005 alors qu'elle était réceptionniste à la Trump Tower, à Manhattan, une tour construite par le promoteur.
L'équipe de campagne du candidat a démenti les informations du New York Times. Elle a rendu publique une lettre au journal d'un avocat représentant Donald Trump, Marc Kasowitz, qui demande au journal de retirer l'article, qualifié de diffamatoire, sous peine de poursuites judiciaires.
"Cet article tout entier est une invention et le lancement par le New York Times d'une campagne de diffamation complètement fausse sur un tel sujet est dangereux", a mis en garde le conseiller en communication du candidat, Jason Miller, dans un communiqué.
"Nous maintenons l'histoire, qui relève clairement du journalisme de service public", a déclaré une porte-parole du journal.
PLAQUÉE CONTRE UN MUR
Cet article intervient deux jours après la parution d'un sondage Reuters/Ipsos montrant qu'un républicain sur cinq estime que les commentaires de Donald Trump sur les femmes dans une vidéo de 2005 diffusée par le Washington Post vendredi le disqualifient pour la présidence. Ce sondage crédite la candidate démocrate Hillary Clinton d'une avance de huit points.
Quelques heures après le New York Times, plusieurs autres organes de presse ont publié des témoignages similaires. Le magazine People publie notamment un récit à la première personne d'une de ses journalistes, Natasha Stoynoff.
Celle-ci y raconte comment Trump l'a plaquée contre un mur dans sa propriété de Floride en 2005 et l'a embrassée alors qu'elle se débattait pour tenter de s'échapper.
L'article contient un démenti d'une porte-parole de Trump qui qualifie le témoignage de "fatras imaginaire politiquement motivé".
Un autre journal, le Palm Beach Post, relaie les propos de Mindy McGillivray, une habitante de Floride âgée de 36 ans, qui accuse Donald Trump de lui avoir agrippé le derrière il y a 13 ans, alors qu'elle travaillait comme assistante d'un photographe sur son domaine de Mar Lago.
"Il n'y a aucune vérité dans cette histoire", a dit la porte-parole du candidat républicain, Hope Hicks, au journal.
La chaîne de télévision CBS (NYSE:CBS) a publié des extraits de son émission Entertainment Tonight en 1992. On y voit Donald Trump s'adresser à un groupe de filles de 10 ans, leur disant qu'il "sortira" avec l'une d'entre elles d'ici une dizaine d'années. L'homme d'affaires avait 46 ans à l'époque.
Donald Trump s'est efforcé dimanche soir lors du deuxième débat présidentiel d'éteindre la vive polémique provoquée par la publication de l'enregistrement vidéo de 2005 où on l'entend proférer des propos grossiers à l'égard de femmes, se vantant de les toucher et les embrasser sans leur permission.
Il a notamment affirmé n'avoir jamais mis en pratique ce dont il se vante dans la vidéo, qualifiant ses propos de "conversation de vestiaire".
Ce démenti lors du débat a été le facteur déclenchant du témoignage de Jessica Leeds, rapporte le New York Times.
Une porte-parole de la rivale démocrate de Trump, Hillary Clinton, a réagi à l'article du New York Times, le jugeant "perturbant".
"Ces informations suggèrent qu'il a menti sur la scène du débat et que le comportement répugnant dont il se vantait dans l'enregistrement dépasse de simples mots", a déclaré Jennifer Palmieri, porte-parole d'Hillary Clinton.
(Avec Jonathan Allen, Emily Stephenson, Susan Cornwell, David Morgan, Michelle Conlin, Eric Beech et Eric Walsh; Julie Carriat et Danielle Rouquié pour le service français)