Le Commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, a plaidé jeudi à Athènes pour une "réponse systémique à la crise systémique" de l'Union Européenne, et appelé l'Eurozone à accorder à la Grèce un répit pour rembourser le prêt qu'elle lui a consenti en mai.
Pour sa deuxième visite en Grèce après que la dérive budgétaire du pays en printemps eut déclenché la crise de la dette ébranlant actuellement l'euro, M. Rehn a estimé que "la crise (en Europe) évolue de manière de plus en plus systémique, rendant nécessaire une réponse systémique (...), une réponse globale".
"Il faut à la fois des mesures horizontales, pour assurer la stabilité financière, et des mesures verticales, nationales pour que chaque Etat puisse mettre ses affaires en ordre", a souligné M. Rehn, s'exprimant devant la commission des affaires européennes du Parlement grec.
L'UE "a besoin d'une union économique, il faut compléter l'union monétaire (...) renforcer la gouvernance économique, nous devons donner une nouvelle vie à l'Union économique et monétaire", a insisté M. Rehn.
Il a appelé les "responsables politiques européens, gouverneurs des banques centrales et les hommes politiques de chaque Etat à faire preuve d'un leadership commun et décisif" pour atteindre ce but.
Selon un projet de décision obtenu jeudi par l'AFP à Bruxelles, les dirigeants européens comptent de fait accélérer la manoeuvre lors d'un sommet la semaine prochaine pour doter la zone euro d'un Fonds de secours permanent en cas de crise. Mais le projet d'accord ne se prononce pas sur une hausse des moyens financiers qui seraient requis.
M. Rehn a quoiqu'il en soit récusé tout fatalisme quant à l'avenir de l'UE. "Je ne suis pas du tout d'accord avec l'argument qui veut que la situation économique actuelle mette inévitablement en question le projet européen", a-t-il souligné.
Relevant que "chaque Etat doit prendre ses responsabilités", il a appelé la Grèce à franchir une nouvelle étape de son redressement, avec l'adoption des réformes structurelles auxquelles elle s'est engagée auprès de ses bailleurs de fonds.
Parmi les "défis majeurs" encore à relever par le pays, il a cité le renforcement "de la lutte contre l'évasion fiscale, (...) la libéralisation du secteur de services et des professions fermées", la réforme pour plus de "flexibilité" du marché du travail et le lancement de privatisations.
En contrepartie, il s'est affirmé confiant que l'Eurozone s'entendra finalement "au début de l'année prochaine" pour accorder à la Grèce un délai supplémentaire de remboursement du prêt de 110 milliards d'euros débloqué sur trois ans par l'UE et le Fonds monétaire international (FMI).
Auparavant, à la sortie d'une rencontre avec le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou, M. Rehn avait relevé que les ministres des Finances de l'UE voient "favorablement l'allongement de la durée du remboursement du prêt".
"Grâce à cette extension" de la durée de remboursement, le plan de redressement de l'économie grecque "réussira" et "la Grèce pourra renouer avec la croissance" et se refinancer sur les marchés, a-t-il ajouté.
Les discussions "portent sur une durée en moyenne de 7 ans et demi", sur le modèle des conditions faites à l'Irlande, sans que l'Eurozone n'envisage d'imposer de nouvelles conditions à Athènes, a-t-il ensuite précisé devant le parlement.
Précédant M. Rehn de deux jours dans la capitale grecque, le directeur-général du FMI, Dominique Strauss Kahn, avait appelé l'UE à accorder à la Grèce un tel répit, qui pourrait selon une source officielle grecque repousser jusqu'à 2024 la fin du remboursement, contre 2015 actuellement prévu.
Le commissaire européen devait s'entretenir dans l'après-midi avec le Premier ministre Georges Papandréou, avant de quitter le pays.