Le marché automobile européen est reparti à la hausse en avril après un an et demi de baisse ininterrompue, mais sa reprise ténue s'explique surtout par des effets calendaires et il est trop tôt pour parler d'un réel changement de tendance.
Les immatriculations de voitures neuves dans l'Union européenne ont progressé de 1,7% le mois dernier, selon les données publiées vendredi par l'Association européenne des constructeurs automobiles (ACEA).
"C'est le premier signe tangible de reprise depuis plus d'un an", se réjouissent les analystes d'Equinet dans une note, même s'"il est clairement trop tôt pour être certain" qu'il s'agisse d'une reprise durable.
"Il ne faut pas voir un changement de tendance mais juste un rebond passager pour certains marchés", abonde Bertrand Rakoto, analyste chez Polk.
En effet, le niveau de voitures vendues (1,038 million d'unités) est l'un des plus faible jamais enregistré, le point le plus bas ayant été atteint en avril 2012, souligne l'ACEA.
Le léger rebond du mois dernier s'explique aussi par un effet de calendrier, Pâques étant tombé cette année en mars.
Par conséquent les 27 pays de l'UE (hors Malte pour laquelle les données n'étaient pas disponibles) "ont compté en moyenne deux jours ouvrés de plus qu'à la même période de l'an dernier", explique l'ACEA.
Ceci a particulièrement joué en Allemagne et en Espagne, où les ventes sont repassées dans le vert le mois dernier et elles ont continué à progresser au Royaume-Uni. En France et en Italie en revanche, elles sont restées dans le rouge.
Sur les quatre premiers mois de l'année, le tableau reste sombre: les immatriculations ont chuté de 7,1% et le seul gros marché européen à avoir progressé est le Royaume-Uni. "Le marché d'Europe de l'Ouest reste à un de ses plus bas niveau depuis longtemps, plus bas encore que ce qu'il a connu lors de la crise de 2008", soulignent les analystes d'IHS Automotive dans une note.
La morosité des ventes touche plus ou moins les différents groupes automobiles. Le numéro un européen, Volkswagen, a vu les ventes de ses différentes marques progresser de 9,9% en avril et sa part de marché de 2 points, grâce à de nouveaux modèles dont la Golf 7, selon les analystes d'Equinet.
Sur quatre mois, la baisse des immatriculations de l'allemand est limitée à 3,4%.
Son compatriote Daimler (marques Mercedes-Benz et Smart) a aussi connu un bon mois et une hausse de ses immatriculations de 10,7% "en grande partie grâce au succès de sa nouvelle classe A et du nouveau design de la classe E", estime Equinet.
L'autre grand nom du "premium" allemand, BMW, a à l'inverse reculé de 3,7% en avril.
Une faiblesse persistante des constructeurs généralistes
Le numéro un français et numéro deux européen, PSA Peugeot Citroën, souffre toujours. Ses ventes ont chuté de 10,1%, avec un recul plus marqué pour Citroën et il a perdu 1,5 point de part de marché, à 11,2%. Sur les quatre premiers mois de l'année, la baisse est de 14% et sa part de marché est tombée à 11,3%.
Son compatriote Renault s'en sort mieux, en grande partie grâce à sa marque à bas coûts Dacia et le lancement de la nouvelle Clio. Les ventes du groupe ont progressé de 5,3% en avril mais restent en baisse (-4,9%) de janvier à avril.
La faiblesse des marchés pèse aussi sur les autres constructeurs généralistes. Sur les quatre premiers mois de l'année, les immatriculations des américains General Motors et Ford ont baissé de 10,5 et 15,8%, celles de l'italien Fiat de 9,2% et celles du japonais Toyota de 13,4%.
La marque sud-coréenne Hyundai, après avoir beaucoup progressé, voit ses immatriculations fléchir de 2,8% sur la même période, tandis que celles de sa filiale Kia ont progressé de 4,1%.