Les syndicats d' Areva (PARIS:AREVA) ont lancé un appel à une grève mardi prochain pour la sauvegarde de l'emploi, une première depuis l'annonce par le groupe nucléaire de la suppression de 3.000 à 4.000 postes en France.
Dans son préavis de grève, dont l'AFP a obtenu copie mercredi, l'intersyndicale (CGT, CFDT, CFE-CGC, FO, et Unsa) informe la direction qu'elle appelle les salariés à "un arrêt de travail" de 24 heures pour la "sauvegarde de l'emploi, des conditions de travail et des garanties collectives".
Des "barrages filtrants" seront installés à l'entrée des sites Areva et un rassemblement aura lieu devant le siège parisien de La Défense (Hauts-de-Seine), où les coordinateurs syndicaux tiendront une conférence de presse à 11H00, a précisé Pascal Evariste (CGT).
Des assemblées générales se tiendront également sur chaque site.
Dans un tract diffusé en interne, consulté par l'AFP, les syndicats "invitent l'ensemble des salariés à participer massivement" à la grève du 2 juin.
Ils espèrent une "démonstration de force" pour "donner un message clair aux décideurs politiques et aux directions": "L'avenir d'Areva, de ses emplois opérationnels et de supports, de ses établissements industriels et d'ingénierie, des bassins d'emploi, ne se fera pas sans les salariés", écrivent-ils.
Des discussions sur un "accord de méthode" (calendrier, périmètre des négociations à venir) ont eu lieu mardi et mercredi entre la direction et les organisations syndicales. La teneur des échanges a visiblement renforcé la motivation des représentants du personnel, à en croire la CGT.
"On est tous fâchés" car il n'y a "aucune remise en cause du management, de l'organisation, aucune réflexion lancée" sur le projet industriel, "par contre, les salariés vont déguster, ça c'est bien en cours", explique à l'AFP Pascal Evariste, coordinateur CGT.
"Grosso modo on revient sur 15 ans de dialogue social à l'intérieur de l'entreprise, tout est touché", notamment "le temps de travail des cadres, les RTT, les salaires et les embauches" qui seront "gelées", ajoute-t-il.
La CFDT, qui "espère" pour sa part que "les sites industriels vont s'arrêter" le temps de la grève, reproche elle aussi à la direction de placer "la question de la stratégie" derrière celle de l'emploi.
Il faudrait aborder le volet industriel en premier lieu avant de voir de "quels dispositifs on a besoin pour faire coïncider la réalité économique et l'emploi", dit à l'AFP Jean-Pierre Bachmann, son coordinateur.
Sollicitée, la direction d'Areva indique que le "dialogue social se poursuit (...) dans cette période cruciale pour la transformation de l'entreprise", ajoutant que la prochaine rencontre avec les syndicats se tiendra les 9 et 10 juin.
Une autre séance de négociation est prévue les 17 et 18 juin, précise-t-elle.
Détenu à près de 87% par l'État, Areva a accusé une perte nette d'environ 5 milliards d'euros en 2014, en raison notamment d'importantes dépréciations d'actifs. Le groupe nucléaire (44.000 collaborateurs) a engagé un plan d'économies d'un milliard d'euros d'ici à 2017 qui pourrait se traduire par la suppression de 6.000 postes dans le monde.