Il convient donc de reprendre un bref historique de Thomas Cook (LON:TCGI), non spécialement par souci de vérité journalistique mais plutôt pour savoir si le « cas Thomas Cook » pouvait être évité par un investisseur et dans un second temps, pour tenter de se préserver soigneusement des prochains cas qui pourraient survenir dans un futur plus ou moins proche…
Facile de retrouver après coup des indices de difficulté pourrait-on dire, alors nous nous contenterons de citer notre hebdo du 25 mai dernier alors que Thomas Cook avait déjà entamé sa tentative de restructuration et que ses obligations valaient déjà autour de 40% du nominal, date à laquelle il était largement prévisible que le recouvrement serait très faible et la situation déjà quasiment écrite…
Hebdo du 25 mai 2019 : « Hormis le cas Rallye, déjà largement commenté par les analystes, on notera le cas Thomas Cook et le cas Officine Maccaferri qui ont tous deux mis les investisseurs au tapis avec des pertes de 70 à 90%…
Si nous avons souvent mis en garde contre Rallye, nous noterons tout de même une similitude de ces trois cas, à savoir des alertes à répétition et une dépendance aux banques croissante au fil des difficultés. Cette dépendance permet certes de gagner du temps mais provoque trois points capitaux pour un investisseur obligataire qui font qu’il est indispensable d’éviter ce genre de dossier :
- Une subordination très profonde des titres obligataires standards, qui rend la valeur de recouvrement quasi nulle, […]
- Une méconnaissance des arrangements opérés avec les banques pour l’octroi des lignes de crédit. […]
- Une dépendance du bon vouloir et de la politique stratégique des banques parties prenantes, ce qui ajoute un échelon de décision supplémentaire et difficile à apprécier : changement de stratégie, conflits d’intérêt entre la banque et les autres créanciers, autres lignes de crédit octroyées à d’autres entreprises plus sûres ou plus attractives, […] négociations et arrangements dans le pool bancaire,… Cette dépendance peut provoquer des situations on/off caractéristiques des banques, qui sur une décision, peuvent décider de couler les sociétés trop dépendantes d’elles. C’est normal et sain mais extrêmement dangereux pour le porteur obligataire qui leur est contingent et subordonné.
Le cas Thomas Cook recelait exactement les mêmes caractéristiques pour un investisseur obligataire que le cas Rallye, hormis le fait qu’il s’était progressivement tourné vers son nouvel actionnaire Fosun, conglomérat chinois qui avait vu dans cette entreprise centenaire un moyen d’asseoir son rayonnement sur l’Europe, quel qu’en soit le coût… Autant dire que cette raison n’était pas forcément propre à rendre l’investissement purement rationnel et cet épisode sera sans doute un coup dur pour le conglomérat chinois et son milliardaire de patron qui sont ici confrontés à la réalité économique occidentale de manière assez abrupte :
- Des plans de refinancement à répétition de banques ou de « partenaires capitalistiques » sur une durée de plusieurs années (cf. dernière page Hebdo) propres à subordonner massivement les créanciers obligataires
- Une opacité croissante des arrangements entre l’entreprise et ses créanciers seniors
- Une dépendance totale à un pool de quelques banques et d’investisseurs, gorgée de conflits d’intérêts et de contraintes propres totalement indépendantes de l’entreprise elle-même.