PARIS (Reuters) - La France "interviendrait pour négocier" si un ou des djihadistes français étaient condamnés à mort en Irak ou en Syrie, a déclaré dimanche la ministre de la Justice, qui assure que le gouvernement a une approche univoque de ce sujet délicat.
La Cour pénale de Bagdad a condamné le 21 janvier dernier une ressortissante allemande d'origine marocaine à la peine capitale par pendaison pour appartenance au groupe Etat islamique (EI). Une Française est actuellement en attente de jugement en Irak.
Dans l'hypothèse où un ressortissant français était condamné à mort, "l'Etat français interviendrait, en négociant avec l'Etat en question, et encore une fois ce serait un traitement au cas par cas", a précisé Nicole Belloubet dans le cadre du "Grand Jury" RTL-LCI-Le Figaro.
La Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) avait évoqué en janvier dernier la possibilité de rapatriements.
La ministre des Armées Florence Parly, qui avait suscité la polémique en octobre dernier en avalisant implicitement l'élimination des djihadistes français en Irak et en Syrie, a réaffirmé lundi dernier qu'elle n'avait pas d'"états d'âme" les concernant.
"Je ne crois pas qu'il y ait de différence d'analyse", a répondu la ministre de la Justice à une question sur les propos de Florence Parly.
"Je redis comme ma collègue Parly que c'est volontairement que ces gens sont allés combattre aux côtés de Daech et donc ils assument une responsabilité et un choix", a-t-elle justifié.
"Mais en tant que ministre de la Justice, je ne peux dire autre chose que mon attachement aux règles du procès équitable", a-t-elle nuancé.
"La situation est différente selon les Etats dont vous parlez. Avec la Turquie, nous avons des accords qui sont clairs et qui nous permettent de faire revenir les personnes, avec l'Irak, c'est un Etat qui est reconnu comme tel et donc bien entendu les Français qui sont là-bas peuvent être jugés par l'Etat irakien", a-t-elle répété.
"La Syrie, c'est un peu plus compliqué puisque l'Etat n'est pas reconnu en tant que tel, et bien entendu c'est un traitement au cas par cas qui doit être effectué", a-t-elle expliqué, réitérant une position qui ne parvient pas à masquer l'embarras de l'exécutif français.
"Je pense que c'est important que le gouvernement ait une politique là-dessus qui soit claire et portée par tous", a dit la garde des Sceaux.
Selon le procureur de la République de Paris, François Molins, 676 Français, dont 295 femmes, se trouveraient encore sur le théâtre irako-syrien.
(Sophie Louet)