par Caroline Valetkevitch
NEW YORK (Reuters) - La dernière "saison" des résultats de sociétés a vu le dollar passer du statut de second rôle à celui de tête d'affiche.
Les multinationales américaines ont amplement tiré profit, au troisième trimestre, de la plus forte baisse du dollar depuis trois ans, en données annuelles.
Depuis le début octobre, 35 sociétés américaines au moins ont mis en avant l'apport des effets de change ou d'un "dollar plus faible" à leurs résultats trimestriels, alors que cet élément était plus rarement évoqué il y a un an, et certaines pensent qu'il se retrouvera au quatrième trimestre, montre une analyse de Reuters.
"Le dollar a faibli dans le courant du trimestre sous revue, plus que les analystes ne le prévoyaient", observe Jill Carey Hall, stratège de Bank of America (NYSE:BAC) Merrill Lynch. "C'est ce dont les multinationales ont profité, entre autres choses".
L'indice du dollar, qui retrace l'évolution du billet vert face à panier de six monnaies de référence, a rétrogradé de 2,5% environ au troisième trimestre, par rapport à la période comparable de 2016, un pourcentage sans précédent depuis 2014, selon des données de Thomson Reuters.
Depuis, l'indice s'est un peu remis mais il reste en recul de 7% environ sur l'année.
Parmi les grandes entreprises américaines qui ont signalé cet effet bénéfique du dollar figurent Alphabet, International Business Machines (NYSE:IBM) et d'autres sociétés high tech, secteur de l'indice S&P-500 qui réalise le plus grand pourcentage de ses ventes à l'étranger.
D'autres sociétés ont dit que le troisième trimestre 2017 était le premier, sur 13, durant lequel un dollar affaibli avait augmenté le résultat d'un point environ.
"Et nous pensons que ce sera encore mieux au quatrième trimestre, sur la foi des taux de fin de trimestre", a dit William Osbourn, directeur financier de Xerox, le 26 octobre, à l'occasion de la publication des trimestriels.
Le coup de mou du dollar a permis aux entreprises d'amortir l'impact des ouragans qui ont dévasté une partie des Etats-Unis au troisième trimestre et si cet effet joue encore sur les trois mois suivants, alors leurs bénéfices pourraient bien atteindre le taux de croissance de 11,7% projeté par les analystes pour le quatrième trimestre.
Plus des trois quarts des sociétés du S&P-500 ont publié leurs comptes trimestriels à ce jour et la croissance des bénéfices est estimée à 8,0% au troisième trimestre, au lieu des 4,3% anticipés voici trois semaines, montrent des données de Thomson Reuters.
Une performance imputable en grande partie au secteur des technologies de pointe: 90% des sociétés composant l'indice sectoriel des technologiques ont battu le consensus, tandis que 72% dépassent le consensus pour l'ensemble de l'indice Standard & Poor's 500.
Les entreprises opérant dans les matières premières ont également dégagé un pourcentage élevé de consensus dépassés, la baisse du dollar se traduisant par un renchérissement des matières premières en question.
Une situation économique mondiale globalement meilleure s'est ajoutée à un dollar poussif pour vivifier les bilans et des entreprises et elle explique aussi pourquoi les multinationales ont fait mieux que les autres sociétés au troisième trimestre, dit Jill Carey Hall, de BofA Merrill Lynch.
Les sociétés du S&P-500 qui réalisent la moitié au moins de leur chiffre d'affaires à l'étranger ont dégagé une hausse de leur bénéfice estimée à 16,7% au troisième trimestre, alors que l'estimation n'est que de 5,5% pour les entreprises qui réalisent moins de la moitié de leur CA en dehors des Etats-Unis, suivant les données de Thomson Reuters.
Les plus grosses multinationales se distinguent encore plus et leur indice affiche une hausse de 3,3% depuis le 1er octobre, tandis que l'indice Russell 2000 des petites capitalisations doit se contenter d'un maigre 0,2%.
"Il serait plus juste de dire que le dollar n'est pas un plus en soi mais qu'en tout cas il n'est plus un moins; c'est ça qui est positif et les perspectives des entreprises sont d'une manière générale de bon augure", note David Katz (Matrix Asset Advisors).
(Wilfrid Exbrayat pour le service français)