Un mois après des prévisions annuelles décevantes, le constructeur automobile Ford (NYSE:F) a refroidi les marchés vendredi en annonçant une hausse des coûts liés à la production de sa très attendue camionnette à plateau, le pickup F-150.
Lors des trois derniers mois, le deuxième groupe automobile américain a dû fermer pendant cinq semaines l'usine de fabrication du populaire F-150 à Dearborn (Michigan, nord-est) et a fait face à des pénuries de pièces de la part de ses fournisseurs.
Ces incidents lui ont coûté 700 millions de dollars et rogné ses bénéfices sur son premier marché, l'Amérique du nord (Etats-Unis, Canada et Mexique).
Dans cette région clé, le bénéfice trimestriel avant impôts a chuté de 38,6% sur un an à 1,41 milliard de dollars et les volumes y ont diminué de 8%.
Au total, il n'a vendu que 1,49 million de véhicules contre 1,55 million au troisième trimestre 2013. Son grand rival GM en a écoulé 2,45 millions.
A Wall Street, le titre baissait de 3,28% à 13,93 dollars vers 14H10 GMT.
- Un 'mal passager' ? -
"Espérons que c'est un mal passager et un gain à long terme", commente Bank of America Merrill Lynch dans une note. La banque dit s'attendre à ce que ce "problème" n'en soit plus un début 2015.
Le pickup F-150 est le best-seller de Ford. Produit depuis plus d'un demi-siècle, il est le véhicule, tous modèles confondus, le plus vendu aux Etats-Unis. En janvier, le constructeur en avait dévoilé la nouvelle version, utilisant notamment des alliages d'aluminium pour sa carrosserie, au salon automobile de Détroit pour une commercialisation d'ici la fin de l'année.
En Asie, où il veut combler son retard sur les rivaux General Motors et Volkswagen, Ford a dégagé un bénéfice avant impôts de 44 millions de dollars, soit une chute de 62% sur un an. Ce recul des gains est dû au fait que Ford y a beaucoup dépensé pour le lancement de sa marque haut de gamme Lincoln, avec des berlines comme la MKZ et le crossover MKC.
Ses ventes asiatiques ont néanmoins augmenté de 4,8% en un an à 346 millions de dollars, tirées par la Chine, devenue le premier marché automobile mondial.
La performance trimestrielle de Ford a toutefois dépassé les attentes.
Le chiffre d'affaires a certes reculé de 2,51% sur un an à 34,9 milliards de dollars mais il est meilleur que les 33,11 milliards anticipés.
De juillet à septembre, le deuxième groupe automobile américain a dégagé un bénéfice net 835 millions de dollars, en chute de 34,3% sur un an. Mais rapporté par action, le bénéfice ajusté, référence en Amérique du Nord, ressort à 24 cents, contre 19 cents attendus.
Le groupe automobile continue surtout de perdre de l'argent en Europe et en Amérique du sud.
Sur le Vieux Continent, il a accru ses pertes opérationnelles à 439 millions de dollars contre 182 millions sur la même période il y a un an. Les volumes ont notamment diminué en Russie et en Turquie, explique Ford, qui a quand même enregistré une augmentation de 7,8% à 6,9 milliards de dollars de ses revenus.
Les difficultés pourraient s'aggraver en Russie, dont l'économie devrait être affectée par la baisse des prix du pétrole, a prévenu le constructeur.
Fin septembre, Ford avait renoncé à son objectif de renouer avec les bénéfices en Europe en 2015, citant notamment une hausse de ses coûts et des dépenses liés à son programme de restructuration baptisé "One Ford". Le constructeur s'attend à perdre 1,2 milliard de dollars avant impôts cette année en Europe.
En Amérique du sud, la perte lors des trois derniers mois est de 170 millions de dollars, contre 160 millions il y a un an, à cause du Brésil où l'économie tousse, de la baisse de production au Venezuela et des restrictions sur les importations en Argentine.
Ford, qui a averti les marchés récemment que l'année sera difficile, a confirmé sa prévision d'un bénéfice avant impôts à 6 milliards de dollars cette année. Fin septembre, le constructeur avait douché les investisseurs en renonçant à l'objectif de 7 à 8 milliards de dollars de bénéfice annuel avant impôts.