Investing.com - L’annonce par Donald Trump d’une nouvelle série de droits de douane, présentée comme une réponse « réciproque » aux barrières imposées par d’autres puissances économiques, a provoqué une onde de choc sur les marchés mondiaux. Alors que les indices boursiers ont reculé en réaction à cette escalade protectionniste, une analyse sectorielle fine du Stoxx 600 révèle des disparités marquées, avec certains segments affichant des performances remarquablement résilientes, voire haussières.
Ce contraste net entre gagnants et perdants livre des enseignements précieux pour les investisseurs, à la fois sur la nature des flux de capitaux en période d’incertitude commerciale et sur les expositions à surveiller. En effet, certaines classes d’actifs ont su jouer leur rôle de valeur refuge, tandis que d’autres ont subi de plein fouet le retour de la guerre commerciale.
Un nouveau choc exogène à l’équilibre global
Le 2 avril, depuis la roseraie de la Maison-Blanche, Donald Trump a officialisé une nouvelle politique tarifaire qualifiée de « réciproque », visant près de 60 pays avec des droits de douane s’élevant jusqu’à 34 % pour la Chine et Taïwan, 26 % pour l’Inde et 20 % pour l’Union européenne. Une taxe additionnelle de 25 % sur les véhicules importés entrera également en vigueur dès le 5 avril.
Présentée comme un levier de réindustrialisation américaine, cette annonce remet en lumière les tensions protectionnistes susceptibles de reconfigurer les chaînes de valeur mondiales. Dans l’immédiat, elle a engendré des réactions sectorielles très contrastées sur les marchés européens.
Les actions en hausse : valeurs défensives, domestiques et faiblement cycliques
Immobilier résidentiel : la prime à la stabilité
Les foncières résidentielles européennes ont été les grandes bénéficiaires du repli général. Des titres comme TAG Immobilien (+7,4 %), Vonovia (+6,7 %) ou LEG Immobilien (+5,0 %) ont affiché de solides gains.
Ce segment bénéficie de sa faible exposition au commerce international et de la résilience structurelle de la demande résidentielle. Dans un contexte d’incertitude géopolitique, les investisseurs ont renforcé leur positionnement sur ces valeurs, perçues comme défensives.
Services publics (utilities) : flux de revenus sécurisés
Les actions de groupes comme EDP (+5,3 %), E.ON (ETR:EONGn) (+4,9 %), SSE (+4,4 %) ou encore Iberdrola (BME:IBE) (+3,4 %) ont toutes surperformé.
Les utilities offrent des cash-flows prévisibles, indexés sur des actifs physiques régulés, et déconnectés des tensions commerciales. Ce statut les rend particulièrement attractives dans des phases de marché stressé.
Télécommunications : faible cyclicité, haut rendement
Le segment télécoms, avec des hausses pour Orange (+3,3 %), BT Group (LON:BT) (+3,4 %) et KPN (+2,8 %), a également attiré les flux.
Faiblement cycliques et majoritairement domestiques, ces entreprises offrent souvent des dividendes solides, ce qui renforce leur rôle d’amortisseur de volatilité.
Défense : revalorisation stratégique
Des valeurs telles que BAE Systems (LON:BAES) (+3,2 %), Thales (EPA:TCFP) (+3,3 %) ou Leonardo (+3,1 %) ont vu leurs cours progresser dans la foulée de l’annonce.
La perspective d’un monde plus fragmenté milite pour une autonomisation stratégique, notamment en Europe, au bénéfice des industriels de la défense.
Consommation de base : rotation défensive classique
Des groupes comme Unilever (LON:ULVR) (+2,8 %), Tesco (LON:TSCO) (+4,4 %) ou Danone (EPA:DANO) (+3,5 %) ont connu une rotation haussière significative.
Ces entreprises sont moins exposées au cycle économique global et bénéficient de la stabilité des dépenses de consommation courante.
Les secteurs en repli : exposition mondiale pénalisante
Banques : sensibilité au risque systémique
Les valeurs bancaires ont fortement corrigé : HSBC (LON:HSBA) (-8,5 %), UBS (-8,5 %), Barclays (LON:BARC) (-9,3 %) ou Deutsche Bank (ETR:DBKGn) (-6,8 %).
Le secteur est doublement exposé : aux incertitudes économiques globales et à la remontée potentielle des tensions de liquidité. La visibilité sur la croissance mondiale étant réduite, les anticipations de bénéfices en pâtissent.
Automobile : cible directe des droits de douane
Le secteur automobile a été l’un des plus sanctionnés avec Volvo (-12,8 %), Stellantis (-7,9 %), Renault (EPA:RENA) (-4,1 %) et BMW (ETR:BMWG) (-3,8 %).
La taxe annoncée de 25 % sur les voitures importées par les États-Unis est un facteur direct de dégradation des perspectives. Le secteur est particulièrement vulnérable aux perturbations logistiques et commerciales transatlantiques.
Luxe, tourisme et sport : fragilité face au ralentissement mondial
Des marques internationales telles que Adidas (ETR:ADSGN) (-11,5 %), Puma (-11,6 %), Burberry (LON:BRBY) (-9,5 %) ou Carnival (LON:CCL) (-12,6 %) ont lourdement chuté.
Fortement dépendants du commerce international et du tourisme de loisir haut de gamme, ces groupes sont immédiatement pénalisés par les perspectives de repli de la demande mondiale.
Tech et semi-conducteurs : chaînes globalisées sous pression
La tech européenne a reculé nettement avec Logitech (SIX:LOGN) (-16,4 %), STMicro (-8,1 %), Infineon (ETR:IFXGn) (-7,7 %) et ASML (AS:ASML) (-6,5 %).
Analyse : Les tensions commerciales perturbent les chaînes d’approvisionnement transcontinentales et peuvent potentiellement ralentir les investissements des grands donneurs d’ordre technologiques.
Énergie & matières premières : anticipation d’un ralentissement global
Les majors pétrolières et groupes liés aux ressources naturelles comme Shell (AS:SHEL) (-5,1 %), BP (LON:BP) (-8,2 %) ou ArcelorMittal (AS:MT) (-6,8 %) ont souffert.
Le secteur est sensible à toute révision à la baisse de la croissance mondiale, qui se traduit par des ajustements immédiats sur les prix des matières premières.
Leçons à retenir pour l’allocateur d’actifs
Les flux se réorientent vers :
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Les valeurs domestiques, peu exposées au commerce international.
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Les secteurs offrant une visibilité sur les cash-flows (utilities, immobilier résidentiel).
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Les thématiques de sécurité stratégique (défense, télécoms).
Les segments à surveiller :
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Les secteurs cycliques et mondialisés, notamment automobile, banques, luxe et technologie.
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Les actifs à durée longue, plus sensibles aux tensions de taux et aux révisions de croissance.
Ce type d’épisode illustre à nouveau l’importance de diversifier les portefeuilles en intégrant des thématiques résilientes et de réévaluer les expositions géographiques à la lumière des décisions politiques majeures.
Une reconfiguration sectorielle accélérée
Cet épisode tarifaire relance la dynamique de fragmentation économique mondiale. Pour les investisseurs, il confirme l’importance d’une allocation géographique et sectorielle disciplinée, centrée sur la résilience des modèles économiques en environnement instable.
Dans ce contexte, les valeurs défensives européennes pourraient bénéficier d’un rééquilibrage durable des portefeuilles, tandis que les secteurs exportateurs devront composer avec une visibilité fortement dégradée.
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