par Emmanuel Jarry
PARIS (Reuters) - Elu dimanche président de la République avec plus de 66% des suffrages, Emmanuel Macron a entamé lundi sa mue présidentielle en mettant ses pas dans ceux de François Hollande et en quittant la présidence de son mouvement, En Marche !
L'ancien ministre de l'Economie a assisté à la commémoration du 8 mai 1945 aux côtés du président sortant, François Hollande, sur l'avenue des Champs-Elysées, avant de lui succéder officiellement dimanche prochain.
Il a ensuite déjeuné avec le conseil d'administration d'En Marche !, mouvement aujourd'hui fort de 285.000 adhérents un an après sa création, et démissionné de sa présidence.
La présidence par intérim du mouvement a été confiée à Catherine Barbaroux, jusqu'ici déléguée nationale, a annoncé son secrétaire général, le député Richard Ferrand.
"Il a été décidé que le mouvement En Marche ! allait évoluer afin d'élargir son assise", a dit ce soutien de la première heure, lors d'une conférence de presse.
Il a précisé que le nouveau parti, "La République en marche", tiendrait son congrès fondateur avant le 15 juillet.
Il a ajouté que Catherine Barbaroux et lui-même ne garderaient leurs fonctions de présidente par intérim et de secrétaire général jusqu'à ce congrès uniquement.
En Marche !, dont l'avènement a contribué à dynamiter le paysage politique français en remettant en cause le classique clivage droite-gauche, doit désormais devenir "le parti du président", a déclaré à Reuters un proche d'Emmanuel Macron.
C'est sous cette étiquette que ses candidats, dont la liste sera présentée jeudi en fin de matinée, se présenteront aux élections législatives des 11 et 18 juin.
RASSEMBLER LARGE
L'objectif est de constituer un groupe disposant de la majorité absolue à l'Assemblée, "homogène, cohérent, fort d'une discipline collective réelle", a dit Richard Ferrand.
Emmanuel Macron et La République en marche refuseront tout accord d'appareil et tout mécanisme de double investiture, a-t-il précisé. Les candidats et futurs députés du MoDem de François Bayrou, allié du président élu, constitueront l'exception.
Selon une enquête Harris interractive-M6 publiée dimanche, l'alliance En Marche!-MoDem recueillerait 26% des intentions de vote, devant la coalition Républicains-UDI (22%), le Front national (22%) et la France insoumise (13%).
Pour accroître ses chances de rassembler le plus largement, Emmanuel Macron a semble-t-il quelque peu assoupli la règle qui imposait initialement à un candidat investi par En Marche ! de renoncer à son parti d'origine.
"Nous voulons une majorité composée de femmes et d'hommes qui viennent du PS, des Républicains, du centre mais aussi, et ce sera au moins la moitié de nos candidats, de la société civile", a rappelé Christophe Castaner sur BFM TV.
"Ils pourront garder leur attachement (à un parti politique) s'ils le souhaitent. Mais ils doivent s'engager à soutenir la majorité présidentielle sur le projet qui est devenu hier soir un contrat entre Emmanuel Macron et les Français", a-t-il dit.
S'ils sont élus, ils devront ainsi siéger dans le groupe parlementaire La République en marche à l'exception de tout autre. "Nos candidats seront administrativement rattachés à l'étiquette de La République en marche", a dit Richard Ferrand. "On ne va pas organiser l'état de fronde permanent".
LE MAIRE FAIT DU PIED, ESTROSI DIT NON
Le secrétaire général de La République en marche, à qui la rumeur prête un éventuel destin ministériel (), a précisé que le nouveau parti entendait également présenter des candidats aux futures élections locales et régionales.
Selon son entourage, Emmanuel Macron a consacré son après-midi de lundi à des rendez-vous de travail.
Il pourrait nommer son Premier ministre lundi 15 mai et son gouvernement le lendemain avant un premier conseil des ministres le mercredi, ajoute-t-on de source proche du président élu.
A droite, des manoeuvres d'approche sont perceptibles. L'ancien ministre Les Républicains et ex-candidat de la primaire de droite Bruno Le Maire a ainsi réaffirmé sa disponibilité.
"C'est le renouvellement qui a gagné", a-t-il dit à BFM TV. "Prenons cet espoir comme quelque chose de positif, retroussons-nous les manches et apportons des réponses aux Français (...) Le vrai clivage n'est pas avec Emmanuel Macron."
"Je veux que le quinquennat d'Emmanuel Macron soit un succès, pas pour lui pour le pays", a-t-il ajouté, estimant que la nomination d'un Premier ministre de droite serait "un geste important" tout en assurant qu'il ne discutait avec personne.
Une autre élu LR, Christian Estrosi, a annoncé lundi sa démission de la présidence de la région Paca et affirmé avoir refusé "toute responsabilité gouvernementale". Mais l'entourage d'Emmanuel Macron a démenti qu'une quelconque proposition ministérielle lui ait été faite.
(Avec Elizabeth Pineau à Paris et Matthias Galante à Nice, édité par Elizabeth Pineau)