PARIS (Reuters) - Manuel Valls a salué jeudi la "prise de responsabilité" des organisateurs de la manifestation pro-palestinienne de Paris mercredi, qui a eu lieu dans le calme malgré des arrestations, mais a laissé planer le doute sur un autre défilé prévu samedi.
Le Premier ministre a estimé que s'il n'y avait pas eu de débordements, contrairement à samedi dernier, c'était aussi grâce à la mobilisation de 1.170 policiers et gendarmes, "c'est-à-dire un policier ou un gendarme pour 15 manifestants".
"Il y a eu des interpellations en marge de cette manifestation et dans la soirée", a-t-il cependant précisé au micro de RTL. "Il semblerait qu'un certain nombre d'individus se soient livrés à des actes ou à des propos antisémites. Cela est inadmissible."
Manuel Valls ne s'est pas prononcé sur la question de l'autorisation d'une autre manifestation contre l'intervention militaire israélienne à Gaza, prévue samedi mais pas par les mêmes organisateurs.
"Nous verrons bien, nous agissons au cas par cas", a-t-il dit. "Quand la sécurité est garantie, quand les organisateurs prennent un certain nombre d'engagements, quand la négociation a lieu entre les préfets et les organisateurs (ces manifestations) sont (...) autorisées puisque manifester est un droit."
Deux manifestations interdites mais maintenues par leurs organisateurs, samedi dernier dans le XVIIIe arrondissement de Paris et le lendemain à Sarcelles (Val-d'Oise), ont donné lieu à de violents incidents.
Le gouvernement a notamment dénoncé des actes et des propos antisémites, ce qui justifie à ses yeux a posteriori sa décision d'interdire ces rassemblements.
"Ce sont les violences, notamment les violences antisémites du dimanche 13 juillet à Paris - on a crié 'mort aux juifs', on a voulu s'en prendre à des synagogues (...) - qui ont provoqué l'interdiction et pas l'interdiction qui a provoqué la violence", a fait valoir le Premier ministre.
"FAUX PROCÈS"
"À Paris comme à Sarcelles (...) les services de police savaient qu'il y avait des risques de dérapage", a-t-il ajouté.
Il a souligné que les organisateurs de la manifestation de samedi prochain dans la capitale était les mêmes que ceux du rassemblement du week-end dernier dans le quartier Barbès.
"Donc, le préfet de police va regarder ça de très près", a-t-il ajouté. "S'il n'y a pas de garantie, si nous craignons ce qui a conduit à l'interdiction (de deux des rassemblements du week-end dernier), alors là aussi le gouvernement prendra ses responsabilités et ce type de manifestation sera interdite."
Manuel Valls a par ailleurs démenti toute inflexion de la politique française en faveur d'Israël, un reproche adressé par certaines voix, y compris au sein de la majorité, à François Hollande et au gouvernement.
"C'est un faux procès. Le camp de la France est celui de la paix (...) C'est la ligne, d'ailleurs, quelle que soit la majorité en place, de la France depuis des années", a-t-il dit.
"La paix entre Israéliens et Palestiniens, c'est la coexistence de deux Etats côte à côte vivant dans la sécurité et dans des frontières reconnues", a ajouté le Premier ministre.
Concernant Gaza, où l'intervention israélienne en riposte à des tirs de roquettes par le mouvement islamiste Hamas a fait à ce jour plus de 700 morts du côté palestinien, dont de nombreux civils, il a réitéré la demande française d'un cessez-le-feu immédiat et de l'ouverture de corridors humanitaires.
"Il n'y a pas d'autre solution qu'un cessez-le-feu immédiat et bien évidemment des négociations", a-t-il insisté. "Donc la ligne de la France est la même, elle est équilibrée. Nous nous adressons à tous dans les mêmes termes."
(Emmanuel Jarry, édité par Yann Le Guernigou)