A la veille d'une huitième journée de grève pour les salaires, Air France (PA:AIRF) a proposé lundi un projet d'accord final prévoyant une augmentation de 2% immédiatement et une hausse de 5% sur trois ans, encore loin des revendications syndicales.
Cet accord mis sur la table à l'issue d'une nouvelle journée de négociations, après deux jours de discussions jeudi et vendredi, est soumis à signature jusqu'à vendredi 12h00, a-t-on précisé de mêmes sources.
Il s'agit de propositions "fortes et économiquement soutenables", souligne la direction de la compagnie aérienne dans un communiqué. L'intersyndicale réclamait initialement 6% en 2018 au titre des efforts passés et des bons résultats de l'entreprise, une revendication qu'elle a ramenée lundi à 5,1%.
Ce pas de la direction pour tenter de trouver une issue au conflit en cours depuis février intervient à la veille de deux nouvelles journées de grève, mardi et mercredi, deux autres étant déjà programmées la semaine prochaine, les 23 et 24 avril.
La compagnie prévoit d'assurer mardi globalement 70% de ses vols, mais seulement 55% de ses long-courriers. Seul le premier jour de grève, le 22 février, avait vu les long-courriers plus impactés, avec 50% des vols assurés.
Air France anticipe le maintien de 65% de ses vols moyen-courriers au départ et vers Paris-Charles de Gaulle, ainsi que 80% de ses vols court-courriers à Paris-Orly et en province.
- "Pacte" sous conditions -
Pour sortir du conflit, la direction avait proposé vendredi une augmentation générale de 2% en 2018, contre 1% initialement prévu, ainsi qu'une hausse de 3,6% sur la période 2019-2021.
Pour 2018, l'augmentation de 2% serait effective immédiatement, au 1er avril, et non plus en deux temps.
Quant à la hausse des grilles salariales de 5% sur trois ans (2019-2021), elle se déclinerait à hauteur de 1,65% par an, avec un plancher de 40 euros mensuel.
"Avec cet accord, les salaires seraient augmentés, en moyenne sur la période, de 12,5%", souligne Air France, en comptant une augmentation générale de 7% pour toutes les catégories de personnel et des augmentations individuelles (ancienneté, promotions...).
Mais ce "pacte de croissance pour l'avenir" est soumis à condition. Les augmentations prévues seraient adaptées "dans le cas où le résultat d’exploitation d’Air France serait inférieur à 200 millions d’euros" et une clause de revoyure appliquée "en cas d’inflation plus élevée ou de résultat négatif", précise la compagnie aérienne.
La direction "a rejeté notre main tendue de 5,1% pour 2018", a réagi Karim Taïbi de FO. "Elle veut imposer un accord de modération salariale sur trois ans", a abondé Jérôme Beaurain (SUD Aérien).
Plus tôt dans la journée, l'intersyndicale avait fait, "dans une recherche d’équilibre et d’écoute", une proposition de 5,1% en deux temps (+3,8% en avril et +1,3% en octobre), basée sur l'inflation reconnue par la direction, précisait-elle dans un communiqué.
Pour l'intersyndicale de pilotes (SNPL, Spaf, Alter), d'hôtesses et stewards (SNPNC, Unsa-PNC, CFTC, SNGAF) et de personnels au sol (CGT, FO et SUD), cette proposition permettait une "sortie de conflit". "La refuser serait parfaitement irresponsable de la part de la direction", ajoutait-elle.
L'intersyndicale devrait se réunir au plus tard jeudi.
La direction "a monté ce projet d'accord toute seule dans son coin", a ajouté M. Beaurain lundi soir, en dénonçant un "dialogue de sourds".
Selon la compagnie, en incluant les journées de mardi et mercredi, le coût des grèves, qui "mettent en péril l’avenir de la compagnie", s'élève à 220 millions d'euros.