Le Premier ministre grec Georges Papandréou a obtenu samedi tôt le matin la confiance du parlement après une semaine de psychodrame dans la zone euro, ce qui ouvre la voie à la préparation d'un gouvernement de coalition, dont il ne fera pas probablement pas partie.
M. Papandréou, qui a obtenu 153 voix sur les 298 votes exprimés, était loin d'être sûr de survivre à l'épreuve, après la crise ouverte au sein de son propre parti socialiste déclenchée par sa tentative d'imposer un référendum pour valider le plan européen d'aide à la Grèce.
"Samedi (à midi), je vais rendre visite au Président de la République pour que nous nous mettions d'accord sur la composition d'un gouvernement de consensus et même de savoir qui va le diriger", a-t-il dit devant le parlement.
Paradoxalement, le vote de confiance devrait lui permettre de partir la tête haute, après la panique créée en début de semaine sur les marchés financiers mondiaux par son annonce de référendum et la colère des créanciers du pays qui l'ont sèchement convoqué pour le menacer de couper les vivres au pays.
"Je n'ai jamais vu la politique comme une profession", a souligné M. Papandréou au cours d'un discours en forme de testament politique, où il a rappelé qu'il avait oeuvré "pour faire des pas en avant même avec un coût personnel et ayant comme objectif l'intérêt de la démocratie, de la patrie et du citoyen".
"Si je ne reste pas au pouvoir, je vais rester parmi ceux qui servent l'intérêt national et c'est pourquoi je suis en faveur d'une coopération nationale", a-t-il dit.
En jeu se trouve la ratification par le parlement grec de la deuxième aide décidée par les Européens pour la Grèce la semaine dernière à Bruxelles, prévoyant 130 milliards d'euros combiné à une réduction de 100 milliards de dette publique par les banques, ainsi que le vote rapide des mesures d'austérité budgétaire demandées par les créanciers.
Le ministre des Finances Evangélos Vénizélos, poids lourd du parti socialiste, qui a pris ses distances avec le Premier ministre tout en votant pour lui, a souligné que la ratification de l'accord par le parlement permettra la normalisation de la vie politique, et surtout le versement avant le 15 décembre d'une aide vitale pour le pays au bord de la faillite.
Toutefois le processus de formation d'un gouvernement de coalition, demandé depuis des mois par les créanciers du pays dans la ligne des consensus obtenus au Portugal et en Irlande, ne va pas de soi dans un pays à tradition fortement bi-polarisée.
Jeudi, le chef du parti de droite Nouvelle Démocratie (ND) Antonis Samaras s'était dit opposé à toute coopération tant que M. Papandréou, très affaibli par la crise du référendum, continuait d'être Premier ministre et avait réclamé sa démission. Il a aussi conditionné sa participation à un gouvernement d'unité nationale à l'organisation d'élections d'ici la fin décembre.
Refusant obstinément jusqu'à présent les mesures d'austérité imposées en échange du prêt au pays, la droite avait fait un pas en avant jeudi, alors que le gouvernement menaçait de s'effondrer, pour accepter de voter en faveur du plan européen sous certaines conditions.
Il s'oppose en particulier aux hausses d'impôts décidées par le gouvernement et réclame une renégociation de certaines d'entre elles, ce qui fait douter certains analystes de la réussite de la coalition gouvernementale future.
"M. Samaras n'a fait qu'un pas timide et insuffisant à la dernière minute qui ne garantit pas son feu vert pour les mesures d'austérité accompagnant le plan européen", estime ainsi Thanassis Diamantopoulos, professeur de sciences politiques à l'université de Panteion à Athènes.
Les deux parties n'ont que quelques jours pour s'entendre face aux échéances européennes. Lundi, débute une réunion des ministres des Finances de la zone euro où la Grèce compte négocier le déblocage d'ici à la "fin février" de 80 milliards d'euros dans le cadre du plan européen négocié à Bruxelles.