BENGHAZI, Libye (Reuters) - Bien lire qu'Haftar a l'appui de l'Egypte et des Emirats arabes unis
Le général Khalifa Haftar a annoncé mercredi la reprise de l'intégralité de Benghazi, deuxième ville de Libye, par ses forces de l'Armée nationale libyenne (ANL), après trois ans de combats.
Si elle se confirmait, cette victoire serait un jalon important dans la lente pacification de l'est et du sud de la Libye que Khalifa Haftar dit avoir entreprise.
Le gouvernement d'union nationale, formé avec l'appui des Nations unies et de la majeure partie de la communauté internationale, ne parvient pas à reprendre le pays en main.
"Vos forces armées vous annoncent la libération de Benghazi du terrorisme, une libération totale et une victoire de la dignité", a déclaré à la télévision celui qui fut un proche de l'ancien dirigeant Mouammar Kadhafi avant de rompre avec lui.
"Benghazi entre dans une nouvelle ère de sécurité et de paix", a-t-il ajouté.
Les forces de l'ANL ont progressé rapidement mercredi à Sabri, un quartier du bord de mer de Benghazi, où elles ont multiplié les tirs d'artillerie pour se frayer un passage dans les dernière poches de résistance.
Comme lors de précédentes offensives, les milices rivales pourraient encore recourir à des tactiques de guérilla urbaine pour reprendre certaines zones.
APRÈS BENGHAZI, TRIPOLI ?
Le général Haftar a lancé en mai 2014 l'"Opération dignité" contre les mouvements islamistes de la ville, accusés d'assassinats et d'attentats à la bombe.
Au cours des trois années de conflit, ses forces Haftar ont essuyé des pertes considérables - plus de 5.000 hommes selon leur propre décompte - dans les combats qui les ont opposées aux combattants islamistes et aux milices retranchées dans la grande ville de l'est libyen.
Le général Haftar, en conflit avec le gouvernement reconnu par la communauté internationale mais soutenus par l'Egypte et les Emirats arabes unis, pourrait désormais se tourner vers la capitale libyenne qu'il dit aux mains des islamistes.
L'ANL est devenue plus puissante et mieux équipée au fil de ses progrès sur le terrain mais elle continue de dépendre fortement d'alliances avec des milices et tribus locales.
Les critiques du général renégat l'accusent d'avoir entraîné Benghazi dans une guerre menée avant tout pour conquérir l'Est libyen. Des quartiers de la ville ont été détruits par les frappes aériennes et les tirs d'artillerie.
A Sabri, où a eu lieu la dernière offensive, les rues désertes étaient jonchées de débris et de carcasses de voitures mercredi. Certains bâtiments ont été complètement détruits, d'autres criblés de balles et d'éclats d'obus.
(Ayman Al-Warfalli, Nicolas Delame et Julie Carriat pour le service français)