PARIS (Reuters) - Les perspectives d'inflation sont aujourd'hui moins affectées que la croissance par les risques qui pèsent sur l'économie mondiale, à commencer par les tensions protectionnistes qui constituent le premier d'entre eux, a déclaré mercredi le gouverneur de la Banque de France.
"Il convient de souligner que les incertitudes pesant sur les perspectives de croissance affectent relativement moins les perspectives d’inflation", a dit François Villeroy de Galhau lors d'une audition devant la commission des Finances de l'Assemblée nationale.
D'où, selon lui, "la normalisation graduelle et prévisible" de la politique monétaire de la Banque centrale européenne, dont il est membre du conseil des gouverneurs, à mesure que l'inflation de la zone euro se rapproche de sa cible de près de 2%.
Il a rappelé que la BCE avait décidé le 14 juin d'arrêter sa politique d'achats d'actifs nets sur les marchés à la fin de l'année "tandis que le premier relèvement des taux d’intérêt pourrait intervenir au plus tôt à partir de l’été 2019, dépendant des données sur l’inflation".
Le gouverneur a jugé que le protectionnisme, avec les hausses de droits de douane mises en oeuvre par l'administration Trump et les répliques des pays visés, dont l'Union européenne et la Chine, était "la principale menace aujourd'hui sur la croissance mondiale, y compris la croissance américaine."
"Toutes les estimations montrent que tout le monde est perdant, y compris les Etats-Unis, et l'est avant même l'entrée en vigueur des mesures protectionnistes elles-mêmes à travers l'effet d'incertitude sur l'investissement des entreprises", a-t-il souligné.
Parmi les autres incertitudes du moment, François Villeroy de Galhau a cité les tensions financières de retour dans certains pays émergents, l’interrogation sur la future politique budgétaire italienne et les conditions de sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne, de même que la fin en 2020 de la relance fiscale américaine, "qui n’est probablement qu’un stimulus temporaire".
"Nous avons toujours la croissance, mais nous devons renforcer notre vigilance", a-t-il dit.
(Leigh Thomas, Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse)