Investing.com - Les chiffres de l’inflation IPC américaine publiés mercredi ont révélé une hausse des prix à la consommation plus faible que prévu en février, signalant un ralentissement qui pourrait influencer la trajectoire de la Réserve fédérale (Fed) lors de sa prochaine réunion politique, les 18 et 19 mars. Les investisseurs, de leur côté, ont réagi par un élan d’optimisme, faisant grimper les actions et pesant sur les rendements obligataires et le dollar.
Selon le Bureau des statistiques du travail, l’indice des prix à la consommation (IPC) a progressé de 2,8 % sur douze mois en février, après une hausse de 3,0 % en janvier. Il s’agit d’un chiffre inférieur au consensus des économistes, qui tablaient sur 2,9 %. En rythme mensuel, l’IPC est également ressorti plus faible que prévu, à 0,2 %, en net recul par rapport à 0,5 % le mois précédent (prévision à 0,3 %).
Si l’on exclut les composantes volatiles (alimentaire et énergie), l’IPC « de base » a progressé de 3,1 % sur un an et de 0,2 % en rythme mensuel, contre des hausses respectives de 3,3 % et 0,3 % en janvier. Là encore, ces données sont en dessous des prévisions des analystes et renforcent l’idée d’un ralentissement modéré de la pression sur les prix.
Tensions sur les droits de douane et menaces de récession
Ce coup de frein relatif sur l’inflation intervient dans un contexte où les politiques commerciales de la Maison-Blanche suscitent toujours des incertitudes. Les droits de douane sur certains produits, que le président Donald Trump a promis d’introduire – voire d’étendre à d’autres partenaires –, restent de potentiels facteurs de hausse des coûts de production. Les économistes avertissent que ces taxes peuvent contribuer à la fois à l’augmentation des prix pour les consommateurs et à un ralentissement de la croissance économique.
Plusieurs grandes banques, dont Goldman Sachs (NYSE:GS) et J.P. Morgan, ont récemment revu leurs scénarios sur la conjoncture américaine. Goldman Sachs a abaissé ses prévisions de croissance à 1,7 %, tout en réhaussant ses estimations d’inflation, tandis que l’économiste en chef de J.P. Morgan estime que la probabilité d’une récession aux États-Unis cette année se situe autour de 40 %. Un scénario de croissance chancelante combiné à une inflation durablement au-dessus de l’objectif de 2 % pourrait placer la Fed dans un dilemme : comment soutenir l’activité sans alimenter excessivement la hausse des prix ?
La Fed dans l’expectative
Lors de sa dernière réunion en janvier, la banque centrale américaine a fait une pause dans son cycle d’assouplissement, optant pour le statu quo. Malgré un taux directeur maintenu dans la fourchette de 4,25 % à 4,50 %, les observateurs s’attendent à de nouvelles décisions d’ici la fin de l’année. Selon les contrats à terme sur les fonds fédéraux, le marché parie désormais sur environ 76 points de base de baisse d’ici décembre, contre 70 points de base avant la publication de l’IPC.
Les chiffres de février constitueront donc l’une des dernières données cruciales pour les responsables monétaires avant la réunion des 18 et 19 mars. La Fed devra tenir compte d’une inflation en repli tout en restant vigilante quant aux risques liés aux mesures commerciales de l’administration Trump et à la robustesse du marché du travail – Jerome Powell, président de la Fed, a récemment souligné la création moyenne de 191 000 emplois depuis septembre, un signal positif sur l’emploi mais qui peut également soutenir la demande et nourrir l’inflation à plus long terme.
Réaction des marchés : actions en hausse, dollar en retrait
À l’annonce de ces chiffres d’inflation inférieurs aux attentes, la réaction des marchés a été immédiate. Les futures sur indices boursiers américains sont tous passés dans le vert :
Les rendements obligataires américains ont reculé, reflétant les anticipations d’une politique monétaire potentiellement plus accommodante. Sur le marché des changes, le dollar s’est affaibli, même si la volatilité est restée élevée au cours de la séance. La paire EUR/USD a inscrit un pic à 1,0930 avant de refluer en direction de 1,0895, témoignant de l’hésitation des traders.
Perspectives
Malgré la légère accalmie sur le front de l’inflation, les signaux envoyés par l’économie américaine restent contrastés. Les tensions commerciales, la vigueur du marché de l’emploi et l’évolution incertaine de la croissance constituent autant de pièces du puzzle que la Réserve fédérale devra assembler pour prendre sa décision monétaire. À l’aube de la réunion de mars, l’institution de Jerome Powell disposera d’un ensemble de données qui suggère une inflation plus contenue à court terme, mais des risques d’une reprise de la pression sur les prix si les droits de douane venaient à se durcir.
Pour l’heure, l’orientation « attentiste » de la Fed devrait prévaloir : le statu quo est largement anticipé pour ce mois de mars, tandis que la suite dépendra de la trajectoire économique que prendront les États-Unis sous l’influence de facteurs internes (dépenses de consommation, croissance de l’emploi) et externes (politiques commerciales, contexte géopolitique). Les marchés, eux, continueront de scruter chaque indicateur pour ajuster leurs anticipations, dans un environnement où la visibilité, plus que jamais, reste limitée.