TOKYO (Reuters) - Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, s'est engagé jeudi à augmenter le produit intérieur brut (PIB) de près d'un quart à 600.000 milliards de yens (4.500 milliards d'euros) et à se recentrer sur l'économie après l'adoption d'une loi impopulaire sur la sécurité du pays.
Shinzo Abe a dévoilé ce programme lors d'une conférence de presse donnée à l'occasion de son second mandat de trois ans en tant que chef du Parti libéral démocrate (PLD, au pouvoir), ce qui lui permet de conserver son poste de Premier ministre.
Il n'a pas donné de calendrier pour parvenir à son objectif, ce qui ne manquera pas de susciter un certain scepticisme quant à la réussite de son projet d'autant qu'il impliquerait des taux de croissance que le Japon n'a plus connus depuis vingt ans.
Confronté à la nécessité de regagner la confiance du public à 10 mois des élections de la Chambre des Conseillers en juillet 2016, Shinzo Abe a annoncé que le gouvernement déploierait trois nouvelles flèches "Abenomics" pour soutenir la croissance économique et réformer le système de sécurité sociale afin de faciliter la vie professionnelle des familles avec enfants et assurer les besoins d'une population vieillissante.
"L'économie restera notre première priorité", a-t-il déclaré, sans entrer dans les détails. "Le but est de créer la plus importante économie de l'après-guerre pour faire que la vie de chacun soit la plus prospère. Je ferai d'un PIB de 600.000 milliards de yens notre objectif clair et net".
La Diète a promulgué la semaine dernière un texte de loi autorisant les interventions militaires du Japon à l'étranger, pour la première fois depuis 1945, une décision cruciale marquant la volonté du Premier ministre de repousser les limites de la Constitution. Le texte a provoqué des manifestations et a érodé la cote de popularité de Shinzo Abe, en baisse de six points à 40% dans un sondage publié lundi par le quotidien financier Nikkei.
Shinzo Abe a également dit que la TVA serait augmentée en avril 2017 comme prévu, sauf choc économique majeur. Le taux de TVA doit être porté de 8% à 10%.
Depuis qu'il a pris ses fonctions fin 2012, le taux de croissance nominal du Japon a atteint 5,8%, grâce aux mesures d'assouplissement quantitatif de la Banque du Japon. Sur l'exercice 2014, le PIB nominal atteignait 491.000 milliards de yens. Depuis l'exercice 1994, la date la plus reculée dans le temps pour laquelle des chiffres sont disponibles, le PIB nominal s'est dans les faits contracté de 1%.
(Stanley White et Tetsushi Kajimoto, Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Véronique Tison)