Après un bon premier jour, les soldes d'hiver terminent leur première quinzaine sur un bilan morose et des ventes en baisse, l'engouement des consommateurs ayant été plombé par la multiplication des promos le reste de l'année, un pouvoir d'achat en berne et une météo capricieuse.
L'Institut français de la mode (IFM), qui fait référence, a publié les chiffres des deux premières semaines de soldes, traditionnellement les plus actives de l'opération, qui s'étale sur cinq semaines.
"Ce n'est pas un très bon crû, même si ce n'est pas non plus la Berezina", a estimé Gildas Minvielle, responsable de l'observatoire économique de l'IFM, soulignant que "le contexte n'est pas très porteur" puisque les ventes textile devraient enregistrer leur cinquième année de recul en 2012 (-2%).
Selon lui, les professionnels ont enregistré un chiffre d'affaires en recul de 3% sur la quinzaine, alors qu'en 2012, les ventes avaient été stables.
Les hypermarchés et les chaînes spécialisés s'en tirent le mieux avec des ventes stables, tandis que les indépendants multi-marques et les magasins populaires type Monoprix connaissent des reculs entre 0 et 5%.
Ceux qui souffrent le plus sont les chaînes de grande diffusion (Kiabi, La Halle) avec des chiffres d'affaires en repli de 5 à 10%.
Les perspectives pour les prochaines semaines "ne sont guère optimistes" puisque que seuls 9% des professionnels s'attendent à un redressement des ventes.
"Cannibalisation"
Chez les commerçants, l'ambiance est morose. Le patron de la fédération des enseignes de l'habillement, Jean-Marc Genis estime que les ventes ont enregistré un "recul de l'ordre de 7% par rapport à l'an dernier".
"Il n'y a pas eu de ruée sur les soldes cette année, ce n'est pas une bonne cuvée", juge-t-il.
Les soldes ont notamment été pénalisés par le faible pouvoir d'achat des consommateurs, une météo capricieuse et par une offre moindre cette année, "les commerçants ayant anticipé et s'étant présentés aux soldes avec des stocks assez bas", a-t-il expliqué.
M. Genis a également pointé du doigt la "cannibalisation" des soldes par les ventes privées et autres promotions.
Pour Jean-Pierre Mocho de la fédération française du prêt-à-porter, ce sont plutôt les soldes flottants qui sont venus "casser l'engouement qu'avaient autrefois les Français pour les soldes".
Résultat: "après une première journée euphorique, on est passé à un premier week-end moyen, suivi d'un écroulement total en deuxième semaine".
Dans les centres commerciaux, après une fréquentation légèrement supérieure aux attentes le premier jour (15,3 millions de visiteurs), le bilan des cinq premiers jours affichait un recul de 2,5% des entrées.
Les commerçants, qui avaient déjà consentis d'importants rabais dès le premier jour (-40 à -50%), ont tenté de relancer les ventes en déclenchant la deuxième démarque dès le 16 janvier, mais sans grand succès.
De manière générale, "la tendance de ces soldes sera plutôt à la baisse, à l'image de l'année qui n'a pas été bonne et de celle à venir qui s'annonce incertaine", a jugé M. Mocho.
Le retour du froid depuis la mi-janvier ne suffira pas à rattraper le "mauvais début" des soldes, estime-t-il.
Pourtant, les températures en forte baisse et le retour de la neige auront fait progresser de 20 à 30% les ventes de certaines grosses pièces, estime l'institut Climpact-Metnext.
Les blousons (+20% en région parisienne entre la 1ère et la deuxième semaine des soldes), pulls (+33%) et bottes fourrées (+25% en région lilloise) se sont notamment mieux vendus.
Le président de la Fédération nationale de l'habillement (indépendants), Bernard Morvan compte d'ailleurs sur cet élément pour "tenter de finir un peu mieux qu'on a commencé", même si pour lui, "le bilan global des soldes se joue surtout la première semaine".
Et "au vu de la tendance déjà observée, les commerçants sont loin d'être sereins", conclut-il.