Angela Merkel, François Hollande et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker doivent tenter lundi soir de sortir le dossier grec de l'ornière tout en discutant des réformes pour l'UE souhaitées par Londres, lors d'un dîner à Berlin.
Officiellement, cette rencontre à partir de 16H15 GMT avec une vingtaine d'industriels européens sera consacrée aux défis de l'économie, insiste-t-on à Paris et Berlin. De courtes déclarations à la presse sont prévues à 16H40 GMT, sans questions des journalistes, avant un dîner de travail d'environ deux heures.
Mais la réunion des dirigeants des deux premières économies de la zone euro, avec M. Juncker, intervient après une conversation téléphonique à trois entre la chancelière, le président français et le Premier ministre grec Alexis Tsipras, dimanche soir. Et juste après la visite à Paris et Berlin, jeudi et vendredi, du Premier ministre britannique David Cameron qui a tenté de promouvoir ses projets de réforme de l'Union européenne.
Sur la Grèce, les négociations piétinent entre le pays au bord du défaut de paiement, et ses créanciers, les membres de l'UE et le FMI. Ces derniers réclament des réformes concrètes pour améliorer la compétitivité de l'économie grecque, et des mesures d'économie budgétaire, avant de débloquer une dernière tranche d'aide de quelque 7,2 milliards d'euros, sur les 240 milliards d'euros de prêts consentis depuis 2010.
Vendredi, lors d'un G7 Finances à Dresde (Est), Washington a appelé toutes les parties impliquées à "bouger" alors que l'éventualité d'un défaut de paiement dans les tous prochains jours a alimenté les spéculations sur une sortie de la Grèce de la zone euro.
"Je serais très étonné que (la Grèce) ne soit pas" au coeur des discussions lundi soir, a affirmé M. Juncker au quotidien Süddeutsche Zeitung. "Je ne partage pas l'idée selon laquelle nous aurons moins de problèmes et de contraintes si la Grèce abandonnait l'euro", a-t-il déclaré.
A Berlin, on a qualifié de "discussion constructive" l'entretien téléphonique à trois de dimanche soir. Dans l'entourage du président français, on soulignait qu'il s'agissait d'un "point de situation comme on en fait régulièrement", Athènes parlant de "bon climat".
- 'désaccords' -
Mais la Grèce et les créanciers continuaient de se renvoyer la responsabilité du blocage.
Alexis Tsipras a dénoncé "les solutions déraisonnables" que tentent d'imposer les institutions (UE, BCE, FMI) à son pays, les appelant à "des concessions", dans une interview dimanche au quotidien Le Monde. Il a souligné que la Grèce s'engageait à des réformes, touchant notamment la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), le système de sécurité sociale ou les retraites.
Le commissaire européen Günther Oettinger, un Allemand proche de Mme Merkel, a affirmé qu'aucune percée n'était à prévoir lundi, car "les défis sont trop grands", dans une interview au quotidien Die Welt. "Les désaccords sur des sujets centraux comme le marché du travail ou le système de retraites sont encore trop importants", a-t-il dit.
Un membre du directoire de la banque centrale allemande, Andreas Dombret, a appelé Athènes à agir d'urgence car "pour les banques grecques, il est minuit moins cinq", a-t-il déclaré au quotidien Bild.
Autre sujet probablement abordé lundi soir: un texte franco-allemand sur le renforcement de la gouvernance de la zone euro, dans laquelle Paris et Berlin font des propositions "à développer dans le cadre des traités actuels dans les prochaines années".
Cette contribution, qui a fuité la semaine dernière dans la presse européenne, semblait écarter l'hypothèse d'un changement des traités et a été interprétée comme une rebuffade pour le Premier ministre David Cameron, qui va organiser d'ici 2017 un référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l'UE. Le conservateur voudrait voir son pays rester dans une union préalablement réformée.
Mme Merkel, déterminée à garder le Royaume-Uni dans l'UE, a jugé possible vendredi une modification des traités, une option qui fait figure de chiffon rouge dans plusieurs capitales européennes, notamment à Paris.