Le nouveau patron de Nestlé a revu à la baisse l'objectif de croissance à long terme du géant suisse de l'alimentation, disant vouloir poser une base saine dans un marché difficile, sans pour autant changer la stratégie de fond en comble.
Ulf Mark Schneider, qui présentait pour la première fois les résultats annuels du groupe basé à Vevey, sur les rives du lac Léman, a dit s'attendre à une croissance organique comprise entre 2 et 4% pour 2017.
L'ancien patron du groupe allemand de santé Fresenius (DE:FREG), qui a repris les commandes de Nestlé début janvier, a ainsi rompu avec l'objectif sur lequel il basait son modèle d'affaires, garantissant une croissance de l'ordre de 5 à 6%.
"Le message reste le même", a toutefois assuré M. Schneider lors d'une conférence de presse, expliquant qu'il entendait ainsi assurer une croissance saine à long terme, qui permette de fixer la barre pour ses équipiers, malgré un contexte marqué par de fortes "turbulences".
Le groupe connu pour ses dosettes de café Nespresso ou ses bouillons Maggi ne parvenait plus à tenir cet objectif ces dernières années face à un climat de consommation morne en Europe et en Amérique de Nord et au ralentissement des pays émergents.
En 2016, sa croissance organique, un indicateur qui permet d'évaluer ses ventes hors effets de change, mais aussi sans variations liées aux acquisitions et cessions, s'est établie à 3,2%.
Pour la première fois depuis 1922, Nestlé, qui choisit habituellement son directeur général parmi les cadres qui ont fait carrière au sein de l'entreprise, a fait appel à un candidat externe.
Cette rupture avec la tradition a déclenché une vague d'interrogations chez les investisseurs, quant à savoir s'il allait par exemple multiplier les acquisitions ou au contraire accélérer le processus de cessions amorcé à l'automne 2013.
- Pas de grosses acquisitions -
Le groupe avait alors lancé une vaste revue de son portefeuille de marques, soit pour remettre l'accent sur les produits qui pouvaient être rajeunis, soit pour vendre ceux dont les marges étaient insuffisantes, ce qui s'était entre autres traduit par la cession de sa filiale française de surgelés Davigel.
"Il y a eu beaucoup trop de spéculations à mon goût", a tenu à préciser d'emblée le nouveau patron de Nestlé, insistant sur le fait qu'il "n'y a pas besoin de changer la stratégie".
M. Schneider veut s'inscrire dans la continuité sur les grandes orientations stratégiques de Nestlé et n'entend pas non plus "impressionner les marchés ou faire les gros titres" avec de grosses acquisitions, jugeant le moment mal choisi pour les gros achats qui se vendent actuellement au prix fort.
Mais il prévoit d'augmenter les coûts de restructurations dès sa première année aux commandes, visant des économies de coûts "significatives" d'ici 2020.
Alors que les frais de restructurations se montaient à 300 millions de francs suisses en 2016, ils devraient atteindre environ 500 millions cette année.
A 12H34 GMT, le titre perd 2,05% à 71,65 francs suisses, pesant sur le SMI, l'indice phare de la Bourse suisse, en baisse de 0,36%.
Le nouveau directeur général semble être monté à bord pour lancer "un nettoyage en profondeur" du portefeuille de Nestlé cette année, a réagi Jean-Philippe Bertschy, analyste chez Vontobel dans une note, pointant qu'il s'agira d'une "année de transition".
Andreas Von Arx, analyste chez Baader Helvea, a pour sa part jugé que cette orientation allait dans la bonne direction, mais que le groupe s'était montré plutôt conservateur, posant probablement une base sur laquelle il pourra ensuite croître.
Nestlé "joue la sécurité", peut-être même encore un peu trop, a-t-il interprété, estimant qu'il ne s'agissait pas de "la bouffée d'air frais espérée", ou du moins pas encore.
Les résultats pour l'année écoulée se sont inscrits dans le bas des prévisions, a-t-il également relevé, notant qu'il ne s'agissait pas non plus d'une surprise au regard des performances de ses concurrents.
En 2016, son bénéfice s'est replié de 5,9% à 8,5 milliards de francs suisses (8 milliards d'euros) sous l'effet notamment d'un ajustement d'impôts différés, tandis que son chiffre d'affaires s'est étoffé de 0,8%, à 89,5 milliards.
Pour 2016, Nestlé va relever son dividende à 2,30 francs suisse par action, contre 2,25 francs suisses l'année précédente.