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Commerces: l'Assemblée vote l'ouverture possible 12 dimanche par an

Publié le 14/02/2015 16:25
Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron à l'Assemblée Nationale, le 14 février 2015 (Photo Alain Jocard. AFP)

Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron à l'Assemblée Nationale, le 14 février 2015 (Photo Alain Jocard. AFP)

L'Assemblée a voté samedi après-midi l'un des points les plus controversés du projet de loi Macron, l'ouverture possible des commerces 12 dimanches par an, en dépit des menaces des "frondeurs" PS de ne pas voter l'ensemble du texte mardi.

Les députés ont adopté l'article 80 du texte qui prévoit que le nombre possible d'ouvertures dominicales des commerces passe de 5 à 12 par an, sur décision du maire jusque 5 et après avis de l'intercommunalité au-delà.

L'article a été voté par la majorité du groupe PS en dépit de l'opposition réunie des frondeurs PS, du Front de gauche, des écologistes, de l'UDI et de l'UMP.

Mais l'essentiel du débat s'est déroulé entre députés socialistes, l'opposition ne manquant pas, comme l'UMP Jean-Frédéric Poisson, d'ironiser sur les "changements de position" au sein d'un parti auparavant vigoureusement opposé à une extension du travail le dimanche.

"Si vous retiriez cet article 80, nous pourrions retrouver une relation un peu plus apaisée mais vous restez sourd", avait ainsi déploré le "frondeur" socialiste Christian Paul à l'adresse d'Emmanuel Macron.

Un autre frondeur, Laurent Baumel avait conseillé au ministre de "réfléchir sérieusement" à "faire un geste politique avant mardi", jour du vote solennel sur le projet de loi.

Peine perdue, M. Macron lui a répondu qu'il "ne cherchait pas des compromis politiques pour rallier des voix".

"Je ne suis pas ouvert à des compromis de façade pour dire qu'on pourrait voter car ce n’est pas comme ça que je considère le dialogue politique", a-t-il insisté.

La réponse n'a pas plu à M. Baumel ou un autre frondeur Pouria Amirshahi, qui faisaient part ensuite aux journalistes de leur intention de voter contre le projet de loi mardi.

- "Pas d'accord, pas d'ouverture" -

Ces députés, insistant "sur le bouleversement des rythmes sociaux et familiaux" induits par le travail le dimanche, ont exaspéré une autre partie du groupe PS. "Je suis fatiguée qu'on vienne me dire ce que je dois faire le dimanche", leur a lancé la députée des Pyrénées-Atlantiques Colette Capdevielle.

Le rapporteur thématique Stéphane Travert (PS) s'est défendu de "banaliser le travail du dimanche". "Nous avons l'objectif de répondre à des demandes particulières sur les territoires. Entre 5 et 52 dimanches, l'équilibre peut se trouver à 12", a-t-il souligné en rappelant que les élus pourront rester à moins de cinq.

Les députés ont cependant voté un amendement qui obligera les grandes surfaces à déduire jusque trois jours fériés travaillés de ce total de 12. Et un autre amendement pour que les conseils municipaux débattent, en parallèle de l'ouverture des commerces, de l'ouverture des bibliothèques le dimanche.

Ces "dimanche du maire" seront payés double comme c'est déjà le cas actuellement.

Les frondeurs auraient souhaité que ce soit aussi le cas pour les autres salariés concernés par l'extension du travail dominical, ceux des "zones commerciales", "zones touristiques", "zones touristiques internationales" et de douze grandes gares où les commerces pourront ouvrir 52 dimanches par an.

Mais dans ces zones, M. Macron a défendu que les compensations soient décidées par accord de branche, d'entreprise ou territorial.

"S'il n'y a pas d'accord, il n'y aura pas d'ouverture. Nous donnons la possibilité aux organisations syndicales de bloquer l'ouverture le dimanche", a-t-il martelé.

Les députés ont voté un amendement prévoyant que les contreparties au travail dominical dans ces accords comprennent des compensations pour les gardes d'enfants. Ils ont également voté un amendement pour que les contreparties s'appliquent aussi aux personnes travaillant dans "les corners" des grands magasins, qui sont là pour des marques mais ne sont pas salariés de ces magasins.

Cela n'a pas empêché la maire de Paris, Anne Hidalgo, de qualifier samedi "de recul démocratique" la création par décret de ces "zones touristiques internationales" sans qu'elle puisse y donner un avis conforme.

Par ailleurs, les députés ont voté un amendement pour que les salariés travaillant dans les supermarchés (qui bénéficient d'une dérogation permanente pour ouvrir chaque dimanche jusque 13H00) bénéficient d'une rémunération majorée d'au moins 30%.

Alors que le Premier ministre Manuel Valls a fait une brève apparition dans l'hémicycle, les députés, sous la présidence de Claude Bartolone, devaient s'attaquer en fin d'après-midi aux derniers points du projet de loi débattu depuis trois semaines: la réforme de la justice prud'homale, celle des licenciements collectifs et la lutte contre le travail illégal.

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