PARIS (Reuters) - Supprime au 4e paragraphe que l'association Sherpa a envoyé lundi un courrier à Vinci, ce qui n'est pas le cas.
Le groupe de BTP Vinci a réfuté mardi des accusations de l'ONG Sherpa, qui a annoncé avoir déposé plainte contre lui pour "travail forcé" et "réduction en servitude" en raison des conditions de travail sur des chantiers du Mondial au Qatar.
Vinci a fait savoir dans un communiqué qu'il avait décidé de porter plainte pour diffamation contre cette ONG, rappelant qu'il adhère depuis 2003 au Global Compact porté par les Nations unies, par lequel les entreprises s'engagent sur dix principes touchant aux droits de l'homme, aux normes du travail, à l'environnement et à la lutte contre la corruption.
Sherpa, qui se définit comme une association de défense des populations victimes de crises économiques, entend dénoncer la situation sur les chantiers destinés à la coupe du monde de football de 2022, notamment des accidents du travail fréquents et la confiscation des passeports des ouvriers migrants.
L'association, a précisé à Reuters sa directrice Laetitia Liebert, a déposé plainte ce mardi au parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine) en demandant l'ouverture d'une enquête préliminaire sur les conditions de travail des salariés de Vinci au Qatar.
Un porte-parole de Vinci a indiqué que le groupe n'en n'avait pas encore été notifié, ajoutant : "Au Qatar, comme dans tous les pays dans lesquels Vinci intervient, le groupe respecte le droit local du travail et les droits fondamentaux."
"Au Qatar, chaque collaborateur de QDVC (filiale qatarie de Vinci) bénéficie d'un libre accès à son passeport et les temps de travail et de repos sont strictement respectés", a précisé le porte-parole dans un courriel à Reuters.
Le fonds souverain Qatari Diar est le deuxième actionnaire de Vinci derrière les salariés, avec 5,3% du capital.
"UN PROBLÈME DU QATAR"
Le quotidien Le Parisien évoque une semaine de 66 heures sur les chantiers. Interviewé par le journal, le directeur général de QDVC, Yanick Garillon, répond que c'est impossible car la durée maximum du travail au Qatar est de 60 heures, mais confirme que les ouvriers travaillent six jours par semaine, les salariés du siège ayant droit à deux jours de repos hebdomadaire.
Laetitia Liebert souligne quant à elle qu'une loi s'impose "pour obliger les multinationales à prévenir tous les dommages graves sanitaires, environnementaux ou les atteintes aux libertés fondamentales".
L'Assemblée nationale doit examiner à partir du 30 mars une proposition de loi sur le "devoir de vigilance des entreprises donneuses d'ordre". Sherpa, dans son communiqué, demande que le texte soit amendé afin qu'il "ne soit réduit, sous la pression des organisations patronales, à une obligation de reporting améliorée, dont ne serait tenue qu'un petit nombre d'entreprises".
Interrogé sur ce dossier, le président du Medef Pierre Gattaz a estimé qu'il ne fallait pas décrier les entreprises françaises en particulier.
"Je suis révolté par l'esclavagisme professionnel de certains pays, bien évidemment. Il faut lutter contre ça", a-t-il dit mardi sur Europe 1.
"Par contre, il faut éviter là encore de mettre une loi en France, uniquement en France, pour régler ce problème-là. C'est un problème du Qatar (...) C'est l'ensemble des pays qui doivent se révolter pour faire en sorte que ça s'améliore dans tous les pays du monde."
(Gilles Guillaume, avec Dominique Vidalon et Emmanuel Jarry, édité par Dominique Rodriguez)