Le prix d'économie décerné lundi en clôture de la saison Nobel 2015 pourrait couronner des recherches sur le marché du travail ou les comportements de consommation, mais aucun nom ne se détache franchement.
Le dernier-né des Nobel, officiellement "prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel", doit être attribué lundi à 11H00 GMT à Stockholm. La décision appartient à six membres d'un comité nommé par l'Académie royale des sciences.
Il viendra clore une saison marquée par le prix de littérature décerné à la Bélarusse Svetlana Alexievitch et le prix de la paix attribué à un quartette d'organisations qui a permis de sauver la transition démocratique en Tunisie.
Discipline controversée, éminemment politique pour certains, l'économie se distingue des sciences de la nature à l'honneur la semaine précédente. "L'économie n'est pas une science expérimentale", affirme sur le site internet de la Fondation Nobel l'ancien président du jury en économie, Peter Englund.
Chaque année, on rappelle qu'Alfred Nobel n'aurait jamais eu l'idée de récompenser les économistes, et que cette distinction s'est greffée aux autres à partir de 1969, pour fêter les 300 ans de la banque centrale suédoise.
Le lauréat de l'édition 2014, le Français Jean Tirole, primé pour son "analyse de la puissance de marché et de la régulation", n'échappait pas à la polémique: partisan d'une refonte du code du travail, l'universitaire est loin de faire l'unanimité à gauche.
Pour lui succéder, on cite notamment l'Américain d'origine indienne Avinash Dixit (Princeton), l'Américain Robert Barro (Harvard) ou le Finlandais Bengt Holström (MIT).
Le Français Olivier Blanchard, qui a quitté ses fonctions au Fonds monétaire international, et l'Américain Ben Bernanke, retraité de la Réserve fédérale, font également figure de nobélisables.
- Economie comportementale -
Contrairement aux années précédentes, aucun de ces économistes n'est donné nettement favori. Les pronostics sur le champ de recherche en revanche semblent plus affirmés. Selon Johan Schück, journaliste du quotidien Svenska Dagbladet, "l'économie comportementale devrait être à l'honneur", avec le Suisse Ernst Fehr en possible porte-drapeau.
Le prix n'a récompensé qu'une seule femme sur 75 lauréats: l'Américaine Elinor Ostrom en 2009. S'il en veut une deuxième, le jury pourrait songer aux Américaines Claudia Goldin, qui travaille sur les inégalités, et Anne Krueger, spécialiste des rentes et militante du libre-échange. Mais leurs travaux sont trop récents pour en faire de sérieuses candidates, selon Johan Schück.
En ouverture de la saison Nobel, le prix de médecine a été attribué conjointement à William Campbell, Américain né en Irlande, au Japonais Satoshi Ōmura et à la Chinoise Tu Youyou, découvreurs de traitements contre les infections parasitaires et le paludisme.
Le prix de physique est allé au Japonais Takaaki Kajita et à l'Américain Arthur McDonald pour leurs découvertes "historiques" sur le neutrino, une particule cosmique fondamentale pour notre connaissance de l'univers et de sa création.
Enfin le Nobel de chimie a été décerné à un Suédois, Tomas Lindahl, à l'Américain Paul Modrich et à un Turco-Américain, Aziz Sancar, dont les travaux sur la réparation d'un ADN dégradé servent à la recherche contre le cancer.
Les prix Nobel, qui consistent en une médaille d'or, un diplôme et un chèque de huit millions de couronnes suédoises (environ 860.000 euros), sont traditionnellement remis à Stockholm le 10 décembre, date-anniversaire de la mort de leur fondateur, l'industriel et philanthrope suédois Alfred Nobel (1833-1896). Seul le prix de la paix est remis, le même jour, à Oslo.