Des agriculteurs participeront ce vendredi à une réunion sur les négociations commerciales entre la distribution et ses fournisseurs, dont l'industrie agroalimentaire, alors que sur le terrain la colère des producteurs ne faiblit pas, malgré les annonces jeudi de François Hollande.
"Le Premier ministre va annoncer avant le 17 février une nouvelle baisse des cotisations sociales, tout de suite, pour l'ensemble des agriculteurs", a déclaré M. Hollande jeudi après un remaniement qui a déçu certains agriculteurs.
"On s'attendait un peu à ces quelques annonces. Une baisse des charges sociales avait déjà été annoncée il y a quelques mois (...) La mauvaise nouvelle, c'est Stéphane Le Foll qui reste ministre de l'Agriculture. Il ne défend pas les dossiers, notamment au niveau européen", a réagi vendredi Vincent Saillard, président de la FDSEA du Cher lors d'une manifestation sur la rocade de Bourges.
Le président a pourtant promis que les choses allaient bouger lors du Conseil européen sur l'Agriculture prévu lundi à Bruxelles, où la France compte notamment demander "un plan européen de stockage" pour désengorger le marché de la surproduction de lait et de porc.
Au niveau national, le ministre de l'Agriculture accélère également le tempo en réunissant vendredi soir des représentants de la grande distribution, des transformateurs et des producteurs autour du ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, pour parler des relations commerciales au sein des filières agricoles et agroalimentaires.
Les représentants de la grande distribution avaient été reçus lundi par le premier ministre, Manuel Valls, déjà en compagnie des ministres de l'Agriculture et de l'Économie, alors que les négociations annuelles entre la grande distribution et ses fournisseurs battent leur plein.
A cette occasion Emmanuel Macron avait insisté sur l'importance des négociations tripartites. "Il faut que les distributeurs, les industriels et les producteurs puissent se mettre autour de la table", avait-il déclaré.
Ce sera chose faite vendredi soir avec une réunion qui doit également être un signe d'apaisement envers des agriculteurs à bout, qui ont multiplié les actions dans la nuit de jeudi à vendredi, après l'annonce du remaniement.
- Actions et débordements -
Dans le Finistère, cinq agriculteurs étaient en garde à vue vendredi matin après une manifestation et des dégradations du bâtiment de la Chambre d'agriculture du Finistère à Quimper, dans la nuit de jeudi à vendredi.
En déplacement à Château-Salins, en Moselle, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a été accueilli vendredi après-midi par des agriculteurs qui contrôlaient les accès de la ville. M. Cazeneuve est sorti de sa voiture pour discuter une quinzaine de minutes avec les agriculteurs.
"C'est un sujet compliqué du fait de sa dimension européenne, les décisions doivent être prises à 28", a reconnu le ministre, s'engageant à faire "remonter à Paris" les revendications des agriculteurs de Moselle.
"(Stéphane) Le Foll connaît parfaitement ses sujets. Il se bat comme un chien dans un contexte très difficile. Ne soyez pas trop dur avec lui", a-t-il encore souligné.
Dans la Manche, les actions menées par des agriculteurs ont spécialement visé des permanences du PS et de députés de ce parti, comme à Saint-Lô, Cherbourg, et devant la permanence du député PS Stéphane Travert à La Haye-du-Puits, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Cherbourg.
Dans le Finistère, des agriculteurs ont déversé l'équivalent de trois remorques de détritus et de déchets de paille devant la maison du député PS Richard Ferrand à Motreff.
"Une des questions, c'est celle de la répartition des marges, c'est pour ça qu'on est dans une zone commerciale aujourd'hui", a déclaré le président de la FDSEA 67, Franck Sander, qui participait à une action à Vendenheim, au nord de Strasbourg.