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Les jours sont comptés pour sauver FagorBrandt

Publié le 21/03/2014 14:00
Les jours sont comptés pour sauver FagorBrandt

Situation critique pour le fabricant français d’électroménager FagorBrandt et ses 1.800 salariés: ses usines sont de nouveau à l'arrêt. Le repreneur algérien Cevital et le gouvernement n’ont plus que quelques jours pour éviter une liquidation.

Les embûches rencontrées en Espagne par Cevital pour acheter les marques faisant sa valeur (Brandt, Vedette, Sauter, De Dietrich…) mettent sérieusement en danger le plan de sauvetage présenté il y a deux mois par le conglomérat algérien.

Or sans marques, pas de reprise, car c'est une condition suspensive de la proposition de Cevital, seule offre d'ampleur, avec à la clef 1.200 emplois sauvés.

Le sort de FagorBrandt, en redressement depuis novembre, se retrouve désormais entre les mains d'un juge du tribunal de commerce de Saint-Sébastien, dans le pays basque espagnol. Ce dernier a créé la surprise en rejetant le 14 mars la cession négociée à 25 millions d'euros entre Cevital et l'administrateur judiciaire espagnol de la maison-mère Fagor, en voie de liquidation et dont une filiale détient les précieuses marques. Il demande 35 millions.

Sans accord sur les marques, le tribunal de commerce de Nanterre pourrait dès jeudi prochain mettre l'entreprise en liquidation. "Il y a un vrai risque", alerte Christian Legay, représentant de la CFE-CGC.

Et dans ce cas, il n'est pas sûr que le repreneur maintienne son offre. Cevital "en a marre de ce bordel", affirme Philippe Breger (CGT).

Jeudi, le scénario "le plus probable" est que le tribunal sursoie pour la quatrième fois, en reportant sa décision au 3 avril, selon une source proche du dossier. Troisième possibilité, un accord est trouvé en Espagne et le tribunal pourra alors valider l'offre de reprise.

Depuis le 14 mars, Cevital et le gouvernement français négocient avec l'Espagne pour que "la décision soit revue", explique à l'AFP une source proche du repreneur. Mais "Cevital n'a pas l'intention de rajouter 10 millions d'euros", précise-t-il, "on reste optimiste mais c'est compliqué".

Pour cet interlocuteur, "il faut maintenant un règlement politique" car "le problème vient d'une déficience des systèmes judiciaires français et espagnols qui n'arrivent pas à se parler".

Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a envoyé la semaine dernière un collaborateur "d'urgence" à Madrid. Mais les discussions se tiennent maintenant à un "plus haut niveau", dit-il.

- Les gens à bout -

Le temps presse: Cevital a limité à fin mars son offre et la situation de l'entreprise s'est aggravée.

Un prêt de l'Etat lui permettait de tenir jusqu'à mars et "financièrement, la situation redevient très critique". Comme en octobre, "l'entreprise n'a plus de trésorerie, ne peut plus passer commande, donc les usines ont été arrêtées, ne livrent plus, ne facturent plus", souligne la source proche du dossier.

Les machines des quatre usines, situées à Orléans (Loiret), Vendôme (Loir-et-Cher), La Roche-sur-Yon et Aizenay (Vendée) ont été stoppées lundi. Tous les salariés sont au chômage technique.

"Chaque jour qui passe, le fond de commerce se déprécie", s'inquiète un commercial contacté par l'AFP. Au fil des derniers mois, "plus de la moitié des clients ont arrêté de nous passer commande". "Une liquidation serait un gâchis énorme et une injustice après les efforts considérables faits ces dernières années pour fonctionner à nombre considérablement réduit", estime-t-il. Dans l'entreprise, "les gens sont à bout".

Les salariés "sont tous extrêmement stressés. Depuis des mois, on ne peut plus se projeter", confirme M. Legay (CFE-CGC). En cas de reprise par Cevital, 550 licenciements sont prévus, ce qui au sein du personnel "génère des tensions".

Les syndicats espèrent voir aboutir des projets secondaires qui permettraient de sauver 150 à 200 emplois dans les deux usines de Vendée que Cevital ne veut pas conserver.

Le plan social ne prévoit aucune prime de départ ou indemnité supplémentaire à l'indemnité de licenciement légale. Seulement un accompagnement par une cellule de reclassement et la garantie de conserver pendant un an mutuelle et prévoyance. Des mesures d'accompagnement réduites à "de la misère" de l'aveu même d'un des syndicats signataires de l'accord conclu par la direction avec trois syndicats (CFE-CGC, CFDT et CFTC).

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