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En Egypte, les réformes économiques imposent un ramadan austère

Publié le 25/05/2017 10:14
Des clients sur un marché au Caire, le 15 mai 2017, où le Ramadan sera teinté d'austérité cette année (Photo KHALED DESOUKI. AFP)

Des clients sur un marché au Caire, le 15 mai 2017, où le Ramadan sera teinté d'austérité cette année (Photo KHALED DESOUKI. AFP)

Pour ce ramadan, la famille de Nahed va devoir se serrer la ceinture: en Egypte, l'inflation atteint des niveaux records et pour redresser une économie malade, l'Etat impose l'austérité conformément aux prescriptions du Fonds monétaire international (FMI).

"On a beaucoup réduit les quantités qu'on achète, parce que les prix sont trop élevés", déplore cette conceptrice web quadragénaire, mère de deux enfants, en choisissant des tomates sur un marché populaire du centre du Caire.

Autour des étalages de fruits et légumes, clients et vendeurs partagent la même colère à l'approche du mois de jeûne musulman qui débute fin mai. En avril, l'inflation annuelle frôlait les 33%, dépassant même les 44% pour les denrées alimentaires.

L'Egypte connaît une hausse des prix record depuis que les autorités ont libéré en novembre le taux de change de la livre égyptienne, dans le cadre d'un plan de réformes lié à l'obtention d'un prêt du FMI de 12 milliards de dollars.

La livre, qui était jusqu'alors échangée au taux officiel de 8,8 pour un dollar, s'est affaiblie. Désormais le billet vert s'échange à plus de 18 livres.

Le gouvernement a adopté une taxe sur la valeur ajoutée (TVA), taillant considérablement dans les subventions allouées au carburant.

Des réformes ajournées depuis des décennies, les autorités craignant que ces mesures ne déclenchent des troubles sociaux.

- 'Choc absorbé' -

Aujourd'hui, malgré l'austérité, les autorités maîtrisent la situation. Car sous le président Abdel Fattah al-Sissi, manifester peut conduire en prison. Et une grande partie des Egyptiens réclament la stabilité, après les années de chaos qui ont suivi la révolte de 2011 contre Hosni Moubarak.

Dans ce contexte, le prêt du FMI est une bouée de sauvetage pour les autorités qui cherchent à relancer le tourisme et à attirer les investisseurs étrangers.

"On peut considérer l'année fiscale qui se termine en juin comme la période la plus difficile", estime Ramy Orabi, économiste de la société de services financiers Pharos.

"Ce qui vient ne sera pas facile, mais au moins le choc a été absorbé. La réaction des investisseurs étrangers est positive, le programme de réformes avance bien", ajoute-t-il.

Le FMI a salué les programmes d'aides sociaux du gouvernement, qui bénéficieront d'une hausse de budget pour couvrir au total quelque huit millions de personnes.

Mais face à l'inflation, le Fonds s'inquiète. Un de ses hauts responsables est allé jusqu'à demander fin avril une hausse des taux directeurs de la Banque centrale, une mesure qui permet de lutter contre l'augmentation des prix en encourageant les consommateurs à placer leur argent plutôt que le dépenser.

La Banque centrale a donc annoncé dimanche une hausse de 2% de ces taux, après une mesure similaire prise en novembre.

L'objectif: faire chuter l'inflation, jusqu'à atteindre les 13% fin 2018. Et ces derniers mois, la flambée des prix s'est infléchie, l'inflation sur un mois passant de 4,3% en janvier à 1,8% en avril.

"D'un mois à l'autre, l'augmentation recule. La vague causée par le flottement de la monnaie et l'augmentation du carburant a atteint son paroxysme, et devrait maintenant retomber à un rythme naturel", souligne M. Orabi.

- Reprise des investissements -

En attendant, les premiers succès du plan de réformes se font sentir. Le flottement de la livre a permis de réduire le déficit commercial, un miracle pour un pays qui importe quasiment tout, même son blé. En février, ce déficit avait chuté de 56% par rapport au même mois un an plus tôt.

Et le gouvernement cherche à attirer les investissements directs à l'étranger (IDE) en prévoyant des exemptions et des incitations fiscales. Mais les résultats ne seront pas visibles avant la fin de l'année 2017, selon les experts.

Déjà pourtant, pour la période juillet-décembre 2016, les IDE atteignaient 7,4 milliards de dollars, selon la Banque centrale. L'année fiscale précédente, ce chiffre était de 6,9 milliards de dollars, contre 13,2 milliards avant 2011.

L'agence de notation Standard and Poor's pronostique d'ailleurs un taux de croissance "frôlant les 4% en moyenne entre 2017 et 2020, mené par les investissements et les exportations".

De son côté, le gouvernement cherche à réduire le déficit budgétaire et la dette publique. Pour cela, il va falloir à nouveau sabrer dans les subventions au carburant. Une mesure délicate, susceptible de raviver la grogne sociale.

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