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Investing.com - La Bourse de Paris a connu une séance agitée et franchement baissière ce jeudi, dans un contexte géopolitique et monétaire particulièrement incertain. L’indice CAC 40 a clôturé en nette baisse de 1,34 %, à 7.553 points, signant ainsi sa troisième séance consécutive de recul. Le seuil psychologique des 7 600 points a été nettement enfoncé, la place parisienne terminant au plus bas du jour, plombée à la fois par les tensions persistantes au Moyen-Orient et par un discours ambigu de la Réserve fédérale américaine sur la trajectoire des taux d’intérêt.
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Depuis une semaine, le conflit entre Israël et l’Iran est au cœur des préoccupations des investisseurs. L’escalade semble désormais durable, avec une intensification des frappes israéliennes, et la perspective de représailles directes de la République islamique. Les rumeurs d’une intervention militaire des États-Unis en soutien à Israël circulent avec insistance, sans pour autant qu’un scénario clair ne se dessine. L’ambiguïté volontairement entretenue par Donald Trump – “je pourrais le faire, je pourrais ne pas le faire” – alimente l’incertitude et empêche toute prise de risque sur les marchés actions. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a qualifié cette phase du conflit de "moment décisif" pour l’État hébreu, tandis que Téhéran a menacé de bloquer le détroit d’Ormuz, point de passage stratégique pour un tiers des exportations mondiales de pétrole.
Sans surprise, les cours du brut ont poursuivi leur ascension, dopés par les risques pesant sur l’offre. Le baril de Brent a gagné 3,6 % pour s’échanger à 78,8 dollars à Londres, soit une envolée de près de 12 % en cinq séances. Cette flambée de l’or noir a permis à TotalEnergies de tirer son épingle du jeu : l’action du géant pétrolier a progressé de 2,1 %, l’une des très rares hausses au sein du CAC 40.
Pour le reste, les baisses se sont généralisées. Les secteurs les plus sensibles à la croissance mondiale ont logiquement souffert. Le luxe a été lourdement pénalisé, avec des replis marqués de Kering (EPA:PRTP) (-3,2 %), LVMH (EPA:LVMH) (-2,5 %) et Hermès (-2,4 %), sur fond d’inquiétudes croissantes concernant la demande chinoise et les tensions globales sur le commerce. Teleperformance (EPA:TEPRF) a poursuivi sa chute (-4 %), dans la foulée d’une sanction sévère des marchés (-13,6 % hier) après un plan stratégique jugé peu convaincant par les analystes, faute de perspectives financières tangibles. Worldline, pour sa part, a encore cédé plus de 6 %, après une dégradation de recommandation de la part d’ Intesa Sanpaolo (BIT:ISP), qui redoute des perspectives dégradées dans les services de paiement.
Du côté de la politique monétaire, les signaux envoyés par la Réserve fédérale américaine mercredi soir n’ont guère rassuré les marchés. Sans surprise, la Fed a maintenu ses taux inchangés pour la quatrième réunion consécutive. Toutefois, le ton du président Jerome Powell a été plus mesuré que certains ne l’espéraient. S’il reste envisagé que deux baisses de taux soient encore possibles d’ici la fin de l’année, Powell s’est montré prudent, évoquant la pression inflationniste liée aux droits de douane et une économie américaine qui pourrait encore générer des “surprises” en matière de prix. La Fed a d’ailleurs revu en hausse ses projections d’inflation et de chômage, tout en abaissant ses anticipations de croissance. Le statu quo monétaire, combiné à un manque de clarté sur la prochaine étape, a renforcé la nervosité ambiante.
Sur les autres marchés, les investisseurs ont cherché des refuges. L’or, valeur refuge traditionnelle, se maintient près de ses récents records. Le dollar s’est stabilisé après quelques jours de repli, l’euro se repliant légèrement à 1,148 dollar. Sur le marché obligataire, les tensions restent modérées : les taux souverains n’ont pas connu de mouvement significatif. Le rendement du Bund allemand à 10 ans est resté stable autour de 2,503 %, tandis que celui de l’OAT française a légèrement progressé à 3,245 %.
Le jour férié du “Juneteenth” aux États-Unis a également contribué à réduire les volumes et à limiter les catalyseurs en séance. L’absence de Wall Street n’a fait qu’accentuer la tendance au repli des marchés européens, dans un contexte déjà saturé de facteurs anxiogènes.
À noter tout de même, quelques actualités positives du côté des entreprises françaises. Eutelsat a bondi de 14 % après l’annonce d’un accord-cadre de 10 ans avec le ministère des Armées pour fournir des services satellitaires via la constellation OneWeb, dans le cadre du programme militaire Nexus. Veolia (EPA:VIE) a de son côté inauguré un site majeur de traitement de PFAS aux États-Unis, tandis que le Groupe ADP (EPA:ADP) a officialisé un partenariat stratégique avec Verso Energy pour développer les carburants de synthèse durables dans l’aviation.
Mais ces annonces n’ont pas suffi à compenser la morosité ambiante. Alors que la “journée des quatre sorcières”, marquant l’expiration simultanée de plusieurs contrats dérivés, est attendue ce vendredi, la nervosité pourrait se prolonger. Et avec un CAC 40 piégé depuis plusieurs semaines dans un couloir étroit entre 7 700 et 7 900 points, les opérateurs peinent à envisager une sortie de cette zone sans signal fort, qu’il soit diplomatique, économique ou monétaire.
La semaine prochaine pourrait donc s’avérer décisive, comme l’a laissé entendre Donald Trump lui-même, tant pour le conflit au Moyen-Orient que pour les anticipations de politique monétaire. En attendant, les investisseurs optent pour la prudence, dans un environnement où la géopolitique dicte plus que jamais le tempo des marchés.