Renault dévisse après un sévère avertissement sur ses bénéfices : que faire ?
Investing.com - La Bourse de Paris a entamé la séance de ce jeudi dans le rouge, cédant rapidement du terrain face à un regain d’incertitude sur le front commercial, ravivé par de nouvelles déclarations agressives de Donald Trump. À la mi-journée, le CAC 40 perdait environ 0,4 % autour des 7 740 points, effaçant les maigres espoirs suscités plus tôt dans la semaine par un accord de principe entre Washington et Pékin et par les chiffres rassurants de l’inflation américaine.
Les investisseurs digèrent difficilement le revirement du président américain, qui, depuis Washington, a annoncé son intention d’imposer unilatéralement les conditions commerciales des États-Unis à ses partenaires. Dans une posture qui rappelle les épisodes les plus belliqueux de sa précédente présidence, Trump a promis d’envoyer sous deux semaines des lettres aux principales économies mondiales, avec un message sans équivoque : “voilà l’accord, à prendre ou à laisser.” Cette sortie spectaculaire intervient alors que le moratoire douanier américain expire dans moins d’un mois, faisant craindre un retour en force des tensions tarifaires.
Les marchés, qui avaient jusqu’ici fait preuve de résilience, sont cette fois rattrapés par la nervosité. Le manque de détails dans l’accord conclu à Londres entre les délégations américaine et chinoise, portant essentiellement sur des éléments secondaires tels que les visas étudiants et l’accès aux terres rares, n’a pas suffi à rassurer. Aucun allègement des surtaxes commerciales, ni avancée concrète sur la question cruciale des technologies sensibles, n’a été acté. L’absence de prise de parole de Xi Jinping sur le contenu des négociations ajoute à l’opacité, renforçant l’impression d’un accord de façade, bien loin d’un règlement durable du conflit.
Dans ce climat, les places financières européennes s’orientent en territoire négatif. À Paris, la tendance est alourdie par la chute des valeurs exposées au commerce mondial ou sensibles à la géopolitique. Air France-KLM (EPA:AIRF) dégringole de plus de 5 %, pénalisée par la hausse récente des cours du pétrole, qui accroît mécaniquement ses coûts de carburant. Eramet (EPA:ERMT) cède 2 % après une dégradation de recommandation par Kepler Cheuvreux, tandis que certains établissements financiers souffrent de la remontée des taux de rémunération du marché obligataire.
En revanche, TotalEnergies tire son épingle du jeu, en tête du CAC 40 avec une progression de 2 %, portée par le rebond du Brent, revenu autour de 69 dollars le baril. L’accalmie sur les stocks américains de carburant et la persistance d’une demande robuste soutiennent temporairement les cours, bien que les analystes restent prudents à moyen terme.
Autre bonne surprise sur le front des entreprises : Clariane bondit de plus de 14 % après l’annonce de la cession de son réseau d’agences d’aide à domicile Petits-fils à Crédit Agricole. Cette opération à 345 millions d’euros en valeur d’entreprise permet au groupe de maisons de retraite privées de renforcer sa structure financière dans un contexte de mutations réglementaires et de recomposition du secteur.
À Wall Street, la tendance était également hésitante à l’ouverture, les investisseurs digérant les dernières statistiques économiques américaines. Les inscriptions hebdomadaires au chômage et l’indice des prix à la production (PPI) de mai doivent être publiés à 14h30, et seront scrutés de près pour affiner les anticipations sur les futures décisions de la Réserve fédérale. Hier, les chiffres de l’inflation à la consommation avaient montré une stabilisation des prix, mais pas suffisamment marquée pour dissiper totalement la crainte d’un rebond futur. Certains économistes, comme James Knightley chez ING (AS:INGA), estiment d’ailleurs que l’inflation pourrait revenir vers 4 % d’ici la fin de l’année, ce qui contraindrait la Fed à maintenir une posture attentiste.
Sur les marchés obligataires, la tension reste modérée. Le rendement du Treasury à 10 ans américain se stabilise autour de 4,41 %, tandis que le Bund allemand recule légèrement à 2,53 %, et l’OAT française à 3,22 %. Cette détente modérée reflète un climat d’attente prudent plus qu’un soulagement véritable. Sur le marché des changes, l’euro poursuit sa progression face au dollar, au-delà de 1,1520, atteignant des niveaux plus vus depuis fin 2021. Cette dynamique est nourrie par une réallocation des flux de capitaux vers l’Europe, où l’environnement économique et monétaire semble plus stable à court terme.
Dans ce contexte incertain, les opérateurs redoutent que la volatilité s’installe durablement cet été. L’absence de clarté sur les relations commerciales mondiales, combinée aux craintes persistantes sur la croissance et aux limites de la politique budgétaire dans plusieurs économies avancées, pourrait peser sur la confiance. La perspective d’un été sans véritable catalyseur, hormis les soubresauts politiques, maintient les marchés dans une zone de fragilité.
Le CAC 40, qui évoluait encore au-dessus des 7800 points en début de semaine, semble donc rattrapé par un mélange d’incertitudes macroéconomiques, de volatilité géopolitique et de valorisations jugées tendues. Les investisseurs, malgré quelques poches de solidité, peinent à identifier un véritable moteur de hausse dans l’immédiat. À court terme, le spectre d’un nouveau bras de fer commercial pourrait de nouveau dicter la tendance.