Investing.com - Les indices américains ont entamé la séance de lundi en légère progression, poursuivant l’élan positif de la fin de semaine dernière. Après quelques minutes de cotation, le Dow Jones Industrial Average gagnait environ 0,5 %, tandis que le S&P 500 avançait de 0,3 % et que le Nasdaq Composite se contentait d’un modeste +0,1 %. Cette embellie intervient malgré la persistance d’un climat d’incertitude autour de la relation commerciale sino-américaine et la multiplication des déclarations parfois contradictoires émanant de la Maison-Blanche et du Trésor.
Vendredi, la place new-yorkaise avait déjà célébré les résultats supérieurs aux attentes d’Alphabet (NASDAQ:GOOGL), lesquels ont ravivé l’enthousiasme des investisseurs pour l’intelligence artificielle et, plus largement, pour la technologie. Le S&P 500 avait grimpé de 0,7 %, tandis que le Nasdaq s’était adjugé 1,3 %, sécurisant ainsi une deuxième semaine consécutive de gains pour les trois grands indices. Le regain d’optimisme reposait aussi sur la rumeur selon laquelle Pékin envisagerait d’exempter certains produits américains de ses nouveaux tarifs de 125 %. Or, cette trêve apparente a été assombrie durant le week-end par les propos du secrétaire au Trésor, Scott Bessent : celui-ci a affirmé ne pas être au courant de pourparlers formels entre Washington et Pékin, contredisant ainsi les déclarations de Donald Trump, qui se disait en contact direct avec Xi Jinping.
Interrogé lundi matin sur CNBC, Bessent a néanmoins nuancé son propos : de « très bonnes » propositions tarifaires seraient déjà sur la table, émanant de plusieurs pays désireux de trouver un terrain d’entente avec les États-Unis. Il a confirmé que les différentes branches de l’administration restaient en contact régulier avec la Chine, tout en renvoyant la responsabilité d’une désescalade à Pékin. S’il entretient le flou quant à la nature des discussions, le secrétaire au Trésor a insisté sur le caractère « standardisé » des accords commerciaux que Washington cherche à conclure – une manière de rassurer quant à la cohérence de la stratégie américaine après des mois de volte-face.
Dans cette atmosphère contrastée, les opérateurs se préparent à une semaine décisive sur le plan des résultats. Les « Sept Magnifiques » de la cote américaine, qui pèsent à eux seuls près de 20 000 milliards de dollars de capitalisation, dévoileront leur performance du premier trimestre. Microsoft (NASDAQ:MSFT) et Meta (NASDAQ:META) ouvriront le bal mercredi ; Apple (NASDAQ:AAPL) et Amazon (NASDAQ:AMZN) suivront jeudi. Au-delà des revenus et bénéfices, les analystes disséqueront les commentaires sur les investissements dans l’IA, ainsi que les impacts directs et indirects des droits de douane sur les coûts de production et la demande. Adam Crisafulli, du cabinet Vital Knowledge, avertit qu’il serait hasardeux de « poursuivre le S&P au-delà de 5 500 points » : selon lui, la hausse récente repose encore largement sur l’espoir d’accords commerciaux et sur des données macroéconomiques qui ne reflètent pas encore le plein effet des tarifs.
Sur le front des entreprises plus traditionnelles, Visa (NYSE:V), Coca-Cola (NYSE:KO) et Caterpillar (NYSE:CAT) publieront également leurs comptes cette semaine. Ces groupes, baromètres de la consommation, du secteur agroalimentaire et des investissements industriels, permettront de jauger la robustesse de la demande intérieure et de l’activité mondiale. Dans le même temps, les propos de Bessent sur la politique monétaire ont rappelé que la Fed demeure sous pression : le secrétaire au Trésor maintient une ligne « dollar fort », mais anticipe une baisse des taux de la Banque centrale européenne, ce qui pourrait accentuer la divergences des politiques et la volatilité des changes.
En l’état, Wall Street tente de composer avec trois forces contradictoires : un cycle de résultats jusqu’ici solide, l’ombre portée d’une guerre commerciale susceptible de ranimer l’inflation, et les signaux ambigus envoyés par le pouvoir exécutif sur la trajectoire des négociations. La réaction du marché aux déclarations de Bessent montre qu’une partie des investisseurs reste prompte à saisir le moindre signe de détente – sans pour autant accorder un crédit illimité aux annonces de la Maison-Blanche. Les jours à venir, ponctués par les discours de plusieurs responsables de la Fed et par les annonces de résultats des géants de la tech, permettront de vérifier si la consolidation de ce matin marque un simple temps d’arrêt ou l’amorce d’une nouvelle phase haussière.