Investing.com - Wall Street a connu un puissant rebond ce mercredi, soutenu par l’adoucissement apparent du discours présidentiel sur deux fronts qui inquiétaient jusque-là les investisseurs : la pression exercée sur la Réserve fédérale et l’escalade tarifaire vis-à-vis de la Chine.
À l’ouverture, le Dow Jones Industrial Average s’appréciait d’environ 2 %, tandis que le S&P 500 progressait d’un peu plus de 2,5 % et que le Nasdaq enregistrait un gain proche de 4 %. Ce sursaut intervient après plusieurs séances de fortes variations, au cours desquelles les marchés ont oscillé au gré des déclarations de la Maison-Blanche sur la politique monétaire et commerciale.
La première source d’apaisement est venue du président Donald Trump, qui a tempéré ses récentes critiques virulentes contre Jerome Powell. Alors qu’il réclamait il y a peu la destitution du président de la Fed et exigeait une baisse rapide des taux directeurs, Trump a affirmé qu’il n’avait jamais eu l’intention de limoger Powell. Cette clarification, certes partielle, a suffi à rassurer ceux qui redoutaient une atteinte directe à l’indépendance de la Banque centrale. Pour l’heure, la Fed maintient sa ligne : attendre d’évaluer l’impact inflationniste des nouveaux tarifs avant de se prononcer de nouveau sur sa politique de taux.
Sur le front commercial, le locataire de la Maison Blanche a également changé de ton, se disant convaincu que les barrières douanières imposées à Pékin « descendront substantiellement ». Si Trump exclut pour l’instant de revenir à des droits nuls sur les produits chinois, ses propos laissent entrevoir une marge pour la négociation. Les marchés ont d’autant mieux accueilli cette inflexion qu’un entretien récent du secrétaire au Trésor, Scott Bessent, laissait entendre qu’une désescalade serait « inéluctable » : la guerre tarifaire, devenue insoutenable, pèserait trop lourdement sur l’activité mondiale.
Dans cet environnement stabilisé, la saison des résultats a repris ses droits. Plusieurs publications ont conforté l’idée que la croissance bénéficiaire, bien que ralentie, demeure résiliente. Boeing (NYSE:BA), après des années de tourmente, a dévoilé sa première hausse de chiffre d’affaires depuis 2023, saluée par une flambée du titre. Goldman Sachs (NYSE:GS), JPMorgan (NYSE:JPM) et Morgan Stanley (NYSE:MS), déjà annoncés, ont dégagé des profits solides dans leurs métiers de marché, profitant de la volatilité ambiante. À l’inverse, certaines entreprises continuent de souffrir, à l’image d’Enphase Energy, dont les performances inférieures aux attentes rappellent que la hausse récente des coûts de financement et la prudence des ménages pèsent sur le secteur des technologies vertes.
L’attention s’est également portée sur Tesla (NASDAQ:TSLA), dont le rebond boursier de plus de 5 % traduit l’accueil favorable réservé à des résultats meilleurs que redouté dans l’activité automobile. Elon Musk a promis de se consacrer davantage à la gestion opérationnelle de l’entreprise, annonçant qu’il réduirait le temps consacré à son rôle au sein de l’administration fédérale. Ce repositionnement était très attendu par des investisseurs inquiets du ralentissement des ventes et de l’image controversée du dirigeant.
Côté macroéconomie, les rendements obligataires se détendent légèrement, reflet d’un regain d’appétit pour le risque. La Maison-Blanche, par la voix de sa porte-parole, a confirmé que toute réduction de droits de douane serait négociée « de concert » avec Pékin, excluant un geste unilatéral. Les opérateurs devront donc scruter les prochains échanges bilatéraux pour juger de la viabilité de ce rebond.
À court terme, la Fed reste au centre du jeu : plusieurs responsables interviennent aujourd’hui et demain, avant la décision de politique monétaire prévue début mai. Dans un marché qui s’est déjà ajusté à des anticipations de baisse des taux plus rapides, le moindre signal jugé moins accommodant pourrait raviver la volatilité récente. Pour l’heure, Wall Street savoure cette bouffée d’oxygène, convaincu que la combinaison d’une politique monétaire encore patiente et d’une embellie possible sur le terrain commercial pourrait, au moins provisoirement, soutenir la dynamique boursière.