Investing.com - Dès l’ouverture de la séance à New York, le Dow Jones Industrial Average a accusé un léger recul, tandis que le S&P 500 et le NASDAQ Composite s’orientaient en territoire positif. Cette configuration illustre l’hésitation des investisseurs, partagés entre la publication de données d’emploi décevantes et l’annonce de perspectives prudentes de la part d’Amazon (NASDAQ:AMZN). Le climat boursier demeure néanmoins relativement stable, les traders évaluant avec prudence la conjoncture économique et les signaux envoyés par la Réserve fédérale quant à l’évolution des taux d’intérêt.
Emploi : des créations de postes inférieures aux prévisions
Le rapport sur l’emploi NFP fait état de 143 000 nouveaux postes créés en janvier, un chiffre bien inférieur aux 307 000, révisé à la hausse, du mois précédent. Les économistes tablaient sur 169 000 créations nettes d’emplois. Cette décélération de l’embauche met en évidence un possible ralentissement de la demande sur le marché du travail américain. Plusieurs observateurs estiment que si cette tendance se confirmait, elle pourrait inciter la Fed à reprendre un cycle d’assouplissement monétaire plus tôt que prévu, malgré les récents commentaires de ses responsables sur la nécessité de maintenir des taux élevés pour contrer l’inflation.
En parallèle, le climat d’incertitude demeure alimenté par la politique commerciale du président Donald Trump, qui a récemment imposé une taxe de 10% sur certains biens en provenance de Chine, avec pour conséquence des mesures de rétorsion de la part de Pékin. Les responsables de la Fed ont déjà pointé du doigt l’impact potentiel de ces tensions internationales sur la stabilité économique et le comportement des entreprises en matière d’investissement. Dans ce contexte, les investisseurs tentent de décrypter la communication de la banque centrale pour anticiper l’orientation future des taux, ainsi que l’éventuel soutien monétaire apporté à une économie qui montre des signes de ralentissement.
Amazon en baisse après des prévisions prudentes
Dans ce climat déjà incertain, Amazon a subi un recul notable après avoir dévoilé des perspectives de chiffre d’affaires décevantes pour le premier trimestre 2025. Alors que ses résultats du quatrième trimestre 2024 étaient supérieurs aux estimations, le groupe a averti que le renforcement du dollar pourrait nuire à la demande internationale et affecter ses performances à l’export.
Son activité dans le cloud, Amazon Web Services, a également manqué les attentes, suivant la tendance de Microsoft (NASDAQ:MSFT) et Google (NASDAQ:GOOGL) qui ont signalé un ralentissement de la croissance de leurs services de cloud computing. Cette situation soulève des interrogations sur la rentabilité à court terme des investissements croissants dans l’intelligence artificielle et l’informatique dématérialisée.
Les regards se sont également tournés vers Tesla (NASDAQ:TSLA), dont les ventes de véhicules électriques fabriqués en Chine ont baissé de plus de 11% en janvier sur un an, un indicateur qui accentue les doutes sur la demande dans un marché pourtant essentiel à la croissance du constructeur. Pinterest (NYSE:PINS) a, en revanche, fait figure de valeur solide, progressant de façon marquée après avoir dépassé pour la première fois le milliard de dollars de revenus trimestriels. Affirm Holdings a également tiré son épingle du jeu en annonçant un bénéfice surprise, soutenu par une forte saison des fêtes et une activité de paiement échelonné (achetez maintenant, payez plus tard) qui a su convaincre les consommateurs.
Tour d’horizon sectoriel
Alors que le secteur de la technologie reste animé par un regain d’optimisme, porté notamment par des leaders du logiciel et des semi-conducteurs, la consommation discrétionnaire souffre de la contre-performance d’Amazon. Les titres de l’industrie des puces, comme Nvidia (NASDAQ:NVDA) et Broadcom (NASDAQ:AVGO), bénéficient de perspectives plutôt favorables, tant sur le plan de la demande que de l’innovation. À l’inverse, les valeurs du commerce en ligne et de la grande distribution subissent une pression liée à la fois aux inquiétudes sur le pouvoir d’achat des ménages et à un contexte économique plus incertain.
Le marché américain entame cette nouvelle séance avec une tonalité contrastée. Les investisseurs continuent de surveiller de près la politique de la Fed, car la question d’un éventuel assouplissement monétaire se pose à nouveau face aux signes de fragilité de l’emploi. Parallèlement, la forte volatilité du dollar et les tensions commerciales internationales maintiennent un degré élevé d’incertitude, en particulier pour les grandes entreprises exportatrices comme Amazon.
Dans ce contexte, les valeurs technologiques et les semi-conducteurs conservent un certain attrait, tandis que le secteur de la consommation discrétionnaire pourrait demeurer sous pression tant que les signaux économiques et les perspectives de dépenses des ménages ne seront pas plus clairs. L’orientation future des indices dépendra dès lors de la capacité de la Fed à soutenir l’économie sans raviver les craintes d’inflation, ainsi que du calendrier et de l’ampleur des mesures commerciales adoptées par Washington et Pékin.