Investing.com - Les marchés américains ont entamé la séance de mardi dans le vert, effaçant une partie des lourdes pertes subies la veille, alors que s’accélère le déferlement de résultats trimestriels. Porté par un regain d’optimisme, le Dow Jones Industrial Average avançait d’environ 1,6 % en début de journée, tandis que le S&P 500 et le Nasdaq affichaient des progressions comparables, autour de 1,6 % et 1,8 % respectivement. Ce rebond intervient après une période de forte volatilité déclenchée par la campagne de tarifs « réciproques » voulue par la Maison Blanche et, plus récemment, par les pressions publiques du président Donald Trump sur la Réserve fédérale.
Lundi, le locataire de la Maison Blanche a de nouveau exhorté la Fed à abaisser ses taux de façon « préventive », sous peine, selon lui, de compromettre la croissance. Cette déclaration, doublée de critiques répétées à l’encontre de Jerome Powell – dont le mandat court jusqu’en 2026 –, a ravivé les interrogations sur l’indépendance de la Banque centrale. Powell, de son côté, a rappelé la semaine dernière que la banque resterait patiente tant que l’incidence réelle des nouveaux tarifs sur l’inflation ne sera pas clarifiée.
Dans ce contexte d’incertitude monétaire, les investisseurs scrutent les résultats d’entreprises pour jauger la vigueur de l’économie réelle. Parmi les premières publications, Goldman Sachs (NYSE:GS) avait déjà donné le ton lundi en battant le consensus, tout en soulignant la « grande incertitude » liée aux mesures protectionnistes. Ce mardi, les chiffres sont plus contrastés : Verizon (NYSE:VZ) recule après avoir enregistré une contraction inattendue de ses abonnés mobiles, symptôme d’un marché saturé où les promotions se font plus rares. À l’inverse, 3M bondit, portée par une hausse organique de ses ventes et une amélioration de ses marges, preuve que certains conglomérats industriels savent encore tirer leur épingle du jeu malgré l’environnement tarifaire compliqué.
Le tableau est moins reluisant pour Halliburton, pénalisée par l’essoufflement des forages nord‑américains, tandis que Northrop Grumman déçoit lourdement, invoquant notamment le renchérissement de ses coûts de production. Kimberly‑Clark prévient également d’un impact sensible des droits de douane sur son approvisionnement, réduisant sa prévision de bénéfice annuel. Ces annonces confirment que la hausse généralisée des tarifs commence à filtrer dans les bilans, en particulier pour les groupes fortement dépendants de chaînes logistiques internationales.
Autre rendez‑vous très attendu : la publication, après la clôture, des comptes de Tesla (NASDAQ:TSLA). Le constructeur, déjà fragilisé par la baisse de ses livraisons et la controverse entourant les activités politiques d’Elon Musk, pourrait enregistrer une contraction de sa rentabilité. Les analystes espèrent obtenir des précisions sur la commercialisation d’un modèle plus abordable et sur l’avancée du projet de robotaxi, éléments jugés essentiels pour relancer la dynamique de la marque dans un contexte de concurrence accrue et de sensibilité aux droits de douane.
Sur le front macroéconomique, les opérateurs décortiqueront les prochaines interventions de plusieurs responsables de la Fed, à commencer par le vice‑président Philip Jefferson. Le marché surveille particulièrement tout indice d’un éventuel infléchissement de la politique monétaire avant la décision attendue le 7 mai. Le président Trump, en plaidant pour un assouplissement rapide, met la Réserve fédérale dans une position délicate : la banque centrale doit composer entre la nécessité de maîtriser un risque inflationniste alimenté par les tarifs et celle de soutenir une croissance menacée par ces mêmes barrières commerciales.
Pour l’heure, la détente de ce matin témoigne surtout d’un rachat technique après plusieurs séances de baisse, alors que les investisseurs tentent d’arbitrer entre des profits d’entreprises encore solides et un environnement politique et monétaire de plus en plus imprévisible. Les publications à venir des autres grandes banques et des géants de la consommation donneront un aperçu plus complet de l’impact des tensions commerciales sur les bénéfices. Dans l’attente, le marché reste sur ses gardes : un tweet supplémentaire de la Maison Blanche ou un durcissement inattendu des négociations tarifaires suffirait à faire rechuter un Dow Jones encore convalescent.