Investing.com - Wall Street replonge ce mercredi, rattrapée par une série d’indicateurs macroéconomiques moroses et par des publications de résultats mitigées. Le Dow Jones abandonne un peu plus de 1 %, le S&P 500 recule de près d’1,5 % et le Nasdaq cède plus de 2 %, dans un contexte où les investisseurs peinent à trouver des catalyseurs positifs durables.
Après une première quinzaine d’avril déjà chahutée par l’annonce de nouveaux droits de douane, le marché subit un nouveau coup de frein : la première estimation du PIB fait état d’une contraction surprise de l’activité au premier trimestre, tandis que le rapport ADP (EPA:ADP) révèle un net ralentissement des créations d’emplois dans le secteur privé.
Le tableau conjoncturel s’assombrit : la confiance des ménages s’est érodée à son niveau le plus bas depuis le printemps 2020 et les ouvertures de postes recensées par la statistique JOLTS confirment un refroidissement progressif du marché du travail. Même si la Maison-Blanche a tenté d’adoucir l’impact des tarifs, en accordant in extremis des crédits d’impôt et une exemption ciblée aux constructeurs automobiles, la perspective d’un report de la demande et d’un renchérissement des coûts de production pèse lourdement sur les anticipations de croissance. Les propos du secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, se voulant rassurants sur la conclusion prochaine d’un accord commercial « majeur », n’ont pas suffi à inverser la tendance, tant la surprise négative sur le PIB domine les préoccupations.
Dans ce contexte fragile, la saison des résultats joue un rôle amplificateur. De grands noms peinent à convaincre : Starbucks (NASDAQ:SBUX) enregistre un cinquième trimestre consécutif de repli de ses ventes comparables, Caterpillar (NYSE:CAT) souffre d’une demande industrielle en berne et Norwegian Cruise Line revoit à la baisse ses prévisions de bénéfice annuel. Même les locomotives de la thématique intelligence artificielle subissent des prises de bénéfices spectaculaires : Super Micro Computer, pourtant figure de proue des serveurs pour modèles IA, révise ses objectifs, évoquant des reports de commandes. Cette prudence alimente l’idée que l’élan d’investissement autour de l’intelligence artificielle pourrait marquer une pause si le cycle économique se détériore.
Les investisseurs espèrent néanmoins trouver un réconfort du côté des méga-caps technologiques. Les marchés scrutent avec attention les chiffres de Microsoft (NASDAQ:MSFT) et de Meta (NASDAQ:META), attendus après la clôture. Ces deux géants, tout comme Apple (NASDAQ:AAPL) et Amazon (NASDAQ:AMZN) qui publieront jeudi, restent perçus comme des baromètres de la demande numérique mondiale. Leur capacité à afficher une croissance solide dans le cloud, la publicité en ligne et les services portés par l’IA sera déterminante pour la trajectoire future du Nasdaq et, plus largement, du S&P 500. Jusqu’à présent, la performance des « Magnificent Seven » en 2025 est à la peine, ce qui fragilise la construction d’un rebond durable.
Pour l’heure, le marché oblige à réévaluer les scénarios de politique monétaire. La contraction du PIB, conjuguée à la baisse de régime du marché de l’emploi, pourrait conforter la Réserve fédérale dans l’idée d’assouplir sa position dès le second semestre, à condition que l’inflation ne s’emballe pas à cause des nouveaux tarifs. Mais la Fed évolue sur une ligne de crête : si le ralentissement se confirme tout en ravivant les tensions tarifaires sur les prix, la marge d’action de Jerome Powell pourrait se réduire. Les opérateurs, qui tablaient encore il y a peu sur une baisse préventive des taux, devront jongler entre un risque de récession technique et la possibilité d’une inflation à nouveau sous pression.
En somme, la séance du jour réactive les craintes qui hantaient déjà Wall Street au début du mois : la confrontation commerciale pèse sur la confiance, freine la consommation et menace l’investissement. Les prochains jours seront cruciaux : ils diront si les poids lourds technologiques parviennent à rassurer sur leur résilience et si les indices peuvent trouver un plancher avant la réunion de la Fed début mai. D’ici là, la prudence reste de mise, alors que le Dow Jones renoue avec la trajectoire descendante qu’il espérait avoir laissée derrière lui.