par Pascale Denis
PARIS (Reuters) - Le fonds activiste Elliott a annoncé mercredi avoir pris une participation de plus de 2,5% au capital de Pernod Ricard (PA:PERP) et vouloir soumettre des mesures visant à améliorer la performance opérationnelle et la gouvernance du groupe.
Le fonds américain, qui a déboursé plus de 930 millions d'euros (selon des calculs faits par Reuters) pour entrer au capital du numéro deux mondial des spiritueux, estime que Pernod Ricard possède un portefeuille de marques "exceptionnel offrant un potentiel d'amélioration significatif", mais que le groupe a perdu des parts de marché et a sous-performé ses principaux concurrents.
Il déplore notamment "une marge opérationnelle de cinq points inférieure" à celle du britannique Diageo (LON:DGE) et juge "décevante" la croissance externe du groupe, notamment l'acquisition de la vodka Absolut en 2008.
Une gouvernance "inadaptée" et à une culture "peu ouverte sur l’extérieur" expliquent en partie selon le fonds "une sous-performance significative en termes de rendement total pour les actionnaires".
Il réclame un plan "d'amélioration opérationnelle plus ambitieux pour combler l'écart de rentabilité avec la concurrence et l'alignement de la gouvernance d'entreprise avec les meilleures pratiques de marché".
Elliott ajoute avoir rencontré le PDG du groupe, Alexandre Ricard, et avoir écrit au conseil d'administration afin de faire état de ses réflexions et dit souhaiter "poursuivre un dialogue constructif avec la société".
Personne n'était disponible dans l'immédiat chez Pernod Ricard pour répondre à cette prise de position, qui dope le titre en Bourse.
La valeur prend 4,06% à 146,2 euros à 11h55, signant la plus forte hausse d'un CAC 40 en progression de 1,66%. A ce niveau de cours, elle gagne 6,5% depuis le début de l'année, pour une capitalisation boursière de 37,4 milliards d'euros.
RENTABILITÉ OPÉRATIONNELLE INFÉRIEURE À CELLE DE DIAGEO
Les analystes de Jefferies estiment à 105% le rendement total du titre au cours des dix dernières années, contre 145% pour Diageo, 181% pour Campari et 220% pour Rémy Cointreau (PA:RCOP).
Ils ajoutent ne pas attendre de changement majeur dans la stratégie du groupe compte-tenu de la récente performance du titre et de l'engagement de la famille Ricard, mais soulignent que "cela pourrait mettre davantage l'accent sur une accélération de la marge opérationnelle".
Ceux de Royal Bank of Scotland jugent positive l'arrivée d'Elliott, "si elle se traduit par une amélioration de la rentabilité".
Au cours du dernier exercice, la marge opérationnelle courante de Pernod Ricard est ressortie à 26,23%, tandis que celle de Diageo, numéro un mondial du secteur a atteint 31,4%.
Depuis son arrivée à la tête du groupe, en 2015, Alexandre Ricard a fait de l'accélération de la croissance sa première priorité et Pernod Ricard a dépassé les objectifs de croissance de moyen terme qu'il s'était fixé. Un nouveau plan stratégique à trois ans est en préparation, dont les modalités n'ont pas encore été dévoilées.
La famille Ricard, premier actionnaire de Pernod Ricard, détient 15% du capital (et 21,3% des droits de vote), les investisseurs américains Capital Group Companies et MFS Investment Management 10,1% et 9,8% respectivement. Le holding belge GBL en détient quant à lui 7,5% (10,9% des droits de vote).
(Edité par Benoît Van Overstraeten)