3 grandes erreurs du marché sur les actions américaines en ce moment selon HSBC
Investing.com - La Bourse américaine s’est offerte un rebond prudent, lundi, portée par le retour de l’appétit pour les grandes valeurs technologiques et par l’espoir d’un message conciliant de la Réserve fédérale, attendu mercredi soir. À l’ouverture, l’indice S&P 500 progressait d’environ 0,7 %, effaçant une partie de la glissade imposée, vendredi, par l’escalade militaire entre Israël et l’Iran. Le Nasdaq Composite, dopé par la remontée des capitalisations de croissance, gagnait un point de pourcentage, tandis que le Dow Jones, plus exposé aux valeurs industrielles, avançait de 0,5 %.
La géopolitique reste pourtant au centre des préoccupations. Après un week-end marqué par de nouvelles frappes israéliennes sur des sites sensibles iraniens et le tir de dizaines de drones de Téhéran vers le territoire hébreu, les investisseurs scrutent la moindre annonce capable de faire basculer le conflit dans une dimension régionale plus large. Pour l’heure, le marché semble parier que la confrontation restera contained : aucune fermeture du détroit d’Ormuz, par où transite près d’un cinquième des flux pétroliers mondiaux, n’a pour l’instant été brandie par l’Iran. Cette hypothèse contenue a d’ailleurs contribué à faire refluer les prix du baril en cours de séance : après avoir bondi de plus de 4 dollars dans la nuit, le Brent rendait 1,4 % à 73 dollars, tandis que le WTI cédait 1,3 % autour de 70 dollars.
Au-delà des crispations géopolitiques, le principal rendez-vous demeure la réunion du Federal Open Market Committee. Sauf surprise, la banque centrale devrait maintenir son taux directeur dans la fourchette 4,25-4,50 %. L’enjeu se situe dans la communication : le ralentissement de l’inflation – confirmé par une nouvelle décélération du CPI à 2,4 % sur un an – et les premiers signes d’essoufflement du marché du travail offrent-ils à Jerome Powell l’espace nécessaire pour envisager une reprise des baisses de taux d’ici l’automne ? Le président de la Fed s’est jusque-là montré circonspect, conscient que la flambée des droits de douane voulus par Donald Trump pourrait relancer les tensions sur les prix. Or, le patron de la Maison-Blanche, fidèle à sa ligne, a encore martelé ce week-end son intention de doubler, à 50 %, les taxes sur l’acier et l’aluminium importés, tout en brandissant la menace d’un relèvement automatique des droits automobiles.
Cette épée de Damoclès protectionniste plane aussi sur le sommet du G7 qui s’ouvre, jeudi, au Canada. Alors que Washington a récemment conclu un accord préliminaire avec Londres, Bruxelles, Tokyo et Séoul attendent toujours de connaître la teneur des “meilleures offres” exigées par le Département du commerce. Le délai officiel, fixé à mercredi, alimente un climat d’incertitude qui pèse surtout sur le compartiment industriel ; les valeurs liées aux échanges, déjà malmenées par la hausse des rendements obligataires, peinent à participer pleinement au rebond.
Sur le front des entreprises, Roku a tiré son épingle du jeu en annonçant un partenariat exclusif avec Amazon (NASDAQ:AMZN) Ads, tandis que United States Steel s’est adjugé de solides gains après le feu vert de Donald Trump à son rapprochement avec le japonais Nippon Steel. À l’inverse, Sarepta Therapeutics dévissait lourdement, la révélation d’un second décès lié à sa thérapie génique contre la dystrophie musculaire jetant une ombre sur les perspectives commerciales du laboratoire.
Les mouvements sectoriels traduisent un positionnement toujours contrasté : d’un côté, l’appétit intact pour la technologie et, plus spécifiquement, pour les valeurs exposées à l’intelligence artificielle ; de l’autre, la prudence qui continue de frapper les financières et les industrielles sensibles aux tarifs douaniers. Dans ce contexte, le marché obligataire reste volatil : après un pic au-delà de 4,6 % vendredi, le rendement du Treasuries à dix ans retombait sous les 4,5 %, reflet d’une demande accrue de sécurité mais aussi d’anticipations plus mesurées quant au rythme futur de la croissance américaine.
La journée de mardi sera dominée par l’enquête ISM manufacturière, avant les chiffres de l’emploi privé ADP (EPA:ADP) mercredi puis le rapport officiel sur l’emploi vendredi. Une séquence macroéconomique décisive : si les indicateurs confirmaient la perte de vitesse de l’activité déjà pressentie, la Fed pourrait devoir arbitrer entre le risque d’un ralentissement trop marqué et celui, persistant, d’une réaccélération des prix sous l’effet de chocs externes. En attendant ce verdict, la cote new-yorkaise avance à pas comptés : rassurée de ne pas voir le Moyen-Orient basculer dans le chaos, mais consciente qu’un autre champ de bataille – celui de la politique commerciale et budgétaire américaine – reste loin d’être pacifié.