Investing.com - Depuis 2013, les cours des actions ont progressé nettement plus vite aux États-Unis que dans la zone euro. Au cours de la période la plus récente, l'écart entre les prix des actions a continué à se creuser. Dans une récente analyse, les analystes de Natixis (PA:CNAT) ont tenté d'expliquer cette divergence.
Une croissance plus rapide des bénéfices par action aux États-Unis
Parmi les causes de la meilleure performance des bourses américaines, Natixis cite en premier lieu le niveau des bénéfices plus élevé en Amérique du Nord. "Les bénéfices par action ont progressé nettement plus vite aux États-Unis que dans la zone euro, avec un écart cumulé de 32 % entre 2012 et 2020." En effet, ce vecteur a attiré les investisseurs vers les marchés américains.
Un poids plus important des entreprises technologiques
Natixis cite également la présence plus forte du secteur technologique aux USA comme facteur de croissance. "Le poids des entreprises technologiques est plus élevé aux États-Unis que dans la zone euro et leur performance boursière est forte."
Cependant, la banque fait remarquer que les bourses américaines restent plus dynamiques que leurs homologues européens même en isolant le poids des entreprises technologiques. "Une comparaison des indices qui exclut les entreprises technologiques montre néanmoins que l'indice boursier progresse toujours beaucoup plus vite aux États-Unis."
Rachats d'actions aux États-Unis
Selon Natixis, le marché américain a grandement bénéficié des rachats d’actions. "Il y a eu d'énormes rachats d'actions aux États-Unis." La banque ajoute que ce facteur a contribué à réduire l’offre sur le marché et par conséquent à augmenter les cours. "Le nombre d'actions cotées en bourse a diminué de 5% aux États-Unis entre 1998 et 2021, alors qu'il a augmenté de 23 % dans la zone euro."
De plus, Natixis a déclaré que la réduction du nombre d’actions a eu pour effet d’augmenter mécaniquement le bénéfice par action. « Les rachats d'actions aux Etats-Unis réduisent le nombre d'actions et donc augmentent le bénéfice par action. Le second effet peut expliquer la quasi-totalité (28% sur 32%) de la divergence des bénéfices par action entre les États-Unis et la zone euro."
Le différentiel taux d'intérêt-croissance et la valorisation des actions
La banque explique que les actions sont concurrencées en Europe par les instruments à taux fixe qui bénéficient de taux plus intéressants. "Si les taux d'intérêt à long terme sont plus élevés par rapport au taux de croissance dans la zone euro qu'aux États-Unis, il serait compréhensible que la valorisation des actions soit plus faible dans la zone euro. »
Elle ajoute que ce phénomène est plus prononcé en Europe qu’aux Etats-Unis. « Depuis 2010, le différentiel entre le taux de croissance et le taux d'intérêt à 10 ans a été inférieur de 140 points de base aux États-Unis par rapport à la zone euro. Cela peut facilement expliquer la divergence entre les PER sur cette période."
Demande d'actions et aversion au risque des actions
Enfin, Natixis dénote que les investisseurs européens seraient plus averse au risque que leurs homologues américains. "Depuis 2014, la prime de risque sur les actions a été plus élevée dans la zone euro qu'aux États-Unis, ce qui peut résulter d'une plus faible demande d'actions en raison d'une plus grande aversion au risque sur les actions."
De ce fait la participation des investisseurs de toutes catégories était moins importante en Europe. "La détention d'actions cotées par les ménages et les investisseurs institutionnels a beaucoup moins augmenté dans la zone euro qu'aux États-Unis depuis 2013, ce qui est cohérent avec la tendance des primes de risque sur actions."