par Claude Chendjou
PARIS (Reuters) - Wall Street est attendue dans le désordre jeudi et les Bourses européennes évoluent également de manière irrégulière à mi-séance, la prudence étant globalement de mise à l'approche des décisions de la Banque centrale européenne (BCE), tandis que l'aggravation de la crise politique en Italie et l'évolution de la guerre en Ukraine n'incitent guère à la prise de risque, même si les résultats des sociétés offrent un certain soutien.
Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en baisse de 0,33% pour le Dow Jones et de 0,15% pour le Standard & Poor's 500, tandis que le Nasdaq pourrait grignoter 0,03%.
À Paris, le CAC 40 avance de 0,29% à 6.202,67 vers 11h07 GMT. À Francfort, le Dax recule en revanche de 0,44% et à Londres, le FTSE perd 0,5%. À Milan le FTSE MIB abandonne 1,48%, pénalisé notamment par le secteur bancaire (-4,4%).
L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 grapille 0,02%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro prend 0,07% et le Stoxx 600 0,09%.
Le communiqué de politique monétaire de la BCE sera publié à 12h15 GMT et sera suivi une demi-heure plus tard de la traditionnelle conférence de presse de sa présidente, Christine Lagarde.
Outre une hausse des taux d'intérêt de 25 ou 50 points de base, le premier relèvement depuis 2011, l'institution de Francfort est surtout attendue sur les détails concernant son outil anti-fragmentation censé éviter un creusement excessif des écarts de rendements sur le marché obligataire entre les Etats membres du bloc.
En Italie, après l'éclatement de la coalition gouvernementale, le président du Conseil, Mario Draghi, a remis jeudi sa démission au président Sergio Mattarella, qui a dit en avoir "pris note" et lui a demandé de continuer à gérer les affaires courantes. Cette démission fait craindre une profonde crise politique dans la péninsule, avec une probable dissolution du Parlement et des élections anticipées à l'automne.
À ces inquiétudes s'ajoutent les derniers développement sur le conflit ukrainien, la Russie ayant présenté de nouveaux objectifs territoriaux, tandis que Kyiv de son côté a décidé de dévaluer de 25% sa monnaie pour concentrer ses ressources financières sur l'effort de guerre.
Aux Etats-Unis, où les investisseurs cherchent des signes positifs pour l'économie dans les résultats des grandes entreprises, une enquête Reuters montre que la Réserve fédérale américaine devrait relever la semaine prochaine ses taux de 75 points de base pour juguler une inflation élevée et que la probabilité d'une récession est désormais de 40%.LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET
Tesla (NASDAQ:TSLA) gagne 1,7% en avant-Bourse après avoir fait état mercredi d'une hausse de son bénéfice trimestriel grâce notamment à l'augmentation des prix de plusieurs de ses modèles, qui lui ont permis de surmonter les problèmes liés à la production.
VALEURS EN EUROPE
En Europe, le compartiment des médias (+1,68%) affiche la meilleure performance sectorielle avec Publicis (EPA:PUBP), qui bondit de 3,93%, à la faveur du relèvement de ses prévisions annuelles et de résultats supérieurs aux attentes au premier semestre. [S8N2WW02Z] Dans son sillage, le britannique WPP (LON:WPP) avance de 1,89%.
Les publications d'Orpea (+1,36%), Nokia (HE:NOKIA) (+8,05%), ASM International (+8,77%), IG Group (+6,25%) ou encore de Sartorius (+5,24%) sont également saluées.
Côté baisse, le spécialiste allemand des logiciels SAP (NYSE:SAP) (-4,23%) pâti en revanche de la réduction de sa prévision de bénéfice annuel, tandis que les résultats de SEB (-8,57%) et Electrolux (-5,63%) sont sanctionnés.
Dans le secteur bancaire italien, BPER, Unicredit (BIT:CRDI), Banco BPM (BIT:BAMI) et Intesa Sanpaolo (BIT:ISP) cèdent environ 5%.
TAUX
Sur le marché obligataire, l'écart de rendements ("spread") entre les obliagations à dix ans de l'Allemagne et de l'Italie a bondi à 240 points de base, au plus haut niveau depuis un mois, avant de refluer à 234 points vers 10h45 GMT.
Le taux du BTP italien de même échéance s'affiche en hausse de 15 points à 3,62% après avoir pris jusqu'à 20 points en séance à 3,67%, un pic depuis le 28 juin.
Celui du Bund allemand à dix ans est stable au même moment à 1,263%.
Aux Etats-Unis, le rendement des Treasuries à dix ans est lui aussi quasiment inchangé à 3,0415%.
CHANGES
Aux changes, l'euro prend 0,11% à 1,0188 dollar après être monté en séance jusqu'à 1,0230 dans les anticipations du relèvement des taux de la BCE et de la réouverture du gazoduc Nord Stream 1.
La monnaie unique a perdu une grande partie de ses gains au gré du développement de la crise italienne.
Le dollar, consolidant ses récents gains, est stable (-0,01%) face à un panier de référence mais se négocie toujours à un pic de 24 ans contre le yen, la Banque du Japon (BoJ) ayant laissé jeudi ses taux d'intérêt inchangés.
PÉTROLE
Le marché pétrolier est affecté par les craintes sur la demande alors que les taux d'intérêt remontent et que les stocks d'essence ont augmenté plus vite que prévu la semaine dernière aux Etats-Unis, selon les données de l'Agence américaine d'information sur l'énergie.
Le baril de Brent abandonne 4,23% à 102,4 dollars et celui du brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 4,55% à 95,34 dollars.
(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Kate Entringer)