A l’occasion des 10 ans d’Amundi, Yves Perrier a été interviewé par Les Echos. Il revient sur l’approche d’Amundi en matière d’investissement responsable et donne son analyse sur les risques potentiels des marchés.
Les gestionnaires d’actifs comme BlackRock (NYSE:BLK) évoquent de plus en plus la question du climat. Comment cela se traduit-il chez Amundi ? Amundi a fait de « l’engagement citoyen » l’un de ses piliers fondateurs lors de sa création, en 2010. Aujourd’hui nous gérons plus de 300 milliards d’euros en prenant en compte les ESG, les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance [sur quasiment 1.600 milliards d’euros d’encours, NDLR]. Nous voulons aujourd’hui passer 100 % de nos fonds ouverts en gestion active en ESG, soit environ 600 milliards, et doubler nos encours ESG en gestion passive. Notre objectif est d’envoyer un signal fort aux entreprises. Nous avons développé notre propre méthodologie, qui vise à sous-pondérer – si la note est mauvaise – ou à surpondérer – si la note est bonne – les émetteurs dans nos processus d’investissement, voire, dans certains cas, à les exclure. Cette notation, adaptée à chaque secteur d’activité, vise à apprécier la dynamique dans laquelle elles s’inscrivent. Nous la mettons en oeuvre avec discernement en tenant compte des spécificités de chaque pays. Tout le monde n’a pas la même vision de ces questions, même en Europe, où les positions diffèrent, par exemple, sur la place du nucléaire entre la France et l’Allemagne. Deux écueils sont à éviter : le « greenwashing » et la surenchère d’exclusions.
Comment concilier ESG et performance financière ? L’ESG et la performance financière ne sont pas en contradiction. L’idée qui dominait depuis la fin des années 1970, selon laquelle les entreprises avaient pour seule mission de maximiser la valeur pour l’actionnaire, n’est plus d’actualité. Les entreprises doivent aussi travailler pour l’intérêt général, en phase avec la vision d’un capitalisme de long terme que nous défendons. Aujourd’hui, la différenciation des produits est de moins en moins importante, mais les clients font attention à l’image. Une entreprise mal notée sur des critères ESG sera délaissée, ce qui pèsera sur ses performances boursières.
Est-ce que ces questions ont un impact sur votre politique de vote en tant qu’actionnaire ? Notre politique de vote pour 2020 met en avant deux sujets clés en matière d’environnement et de social : la question de la transition énergétique et de la « décarbonation » de nos économies, d’une part, et la question de l’équilibre salarial, d’autre part. Nous demandons la publication de données sur les émissions de gaz à effet de serre, et celle du « ratio d’équité » et de son évolution – le rapport entre la rémunération du dirigeant et la rémunération moyenne. Il est important d’envoyer des signaux.