ADDIS-ABEBA (Reuters) - Le gouvernement éthiopien a déclaré vendredi l'état d'urgence après plusieurs jours d'affrontements dans la région d'Amhara, dans le nord-ouest du pays, entre l'armée et les combattants de la milice locale Fano.
Les combats qui ont éclaté dans la deuxième plus grande région d'Éthiopie en début de semaine ont rapidement provoqué une crise sécuritaire. Le gouvernement régional d'Amhara a demandé jeudi une aide supplémentaire aux autorités fédérales pour rétablir l'ordre.
La déclaration du bureau du Premier ministre Abiy Ahmed annonçant l'état d'urgence ne précise pas si celui-ci s'applique uniquement à la région d'Amhara ou à l'ensemble du pays.
"Il a été jugé nécessaire de déclarer l'état d'urgence car il était devenu difficile de contrôler cette situation scandaleuse en s'appuyant sur le système juridique habituel", indique le communiqué.
L'état d'urgence donne au gouvernement le pouvoir d'interdire les rassemblements publics, de procéder à des arrestations sans mandat d'arrêt et d'imposer des couvre-feux.
La milice Fano a été un allié clé de l'armée éthiopienne (ENDF) pendant la guerre civile qui a touché durant deux ans la région voisine du Tigré et qui s'est achevée en novembre dernier. Mais les relations entre les deux parties se sont détériorées à la suite des efforts récents des autorités fédérales pour affaiblir les groupes paramilitaires régionaux.
Deux habitants de Gondar, la deuxième ville d'Amhara, qui souhaitent garder l'anonymat, ont déclaré vendredi que des combats intenses avaient eu lieu la veille près de l'université.
"Les ENDF ont d'abord contrôlé l'université, mais elles ont été repoussées par les Fano. Elles essayaient d'avancer vers le centre de la ville, mais elles n'y sont pas parvenues", a déclaré un habitant.
L'autre, un responsable local, a déclaré que les militaires s'étaient retirés de l'université, mais n'a pas précisé la raison.
Un membre des Fano, s'exprimant aussi anonymement, a déclaré que les miliciens tentaient d'encercler Bahir Dar, la capitale de l'État d'Amhara, et a annoncé qu'ils avaient capturé Merawi, une ville située à 30 km au sud de Bahir Dar.
Reuters n'a pas pu confirmer ces déclarations, tandis qu'un porte-parole de l'ENDF n'était pas disponible dans l'immédiat pour répondre aux demandes de commentaires.
Le réseau internet restait coupé dans la région, selon les habitants. Ethiopian Airlines a annulé ses vols vers trois des quatre aéroports qu'elle dessert en Amhara, a déclaré un porte-parole de la compagnie.
(Reportage Dawit Endeshaw, rédaction Aaron Ross, version française Corentin Chappron, édité par Blandine Hénault)