PARIS (Reuters) - L'euphorie qui avait porté le climat des affaires à son meilleur niveau depuis dix ans fin 2017 en France est un peu retombée en janvier, à l'exception notable de l'industrie dont les perspectives d'activité progressent encore, selon des données publiées vendredi par l'Insee.
L'indicateur global qui synthétise le climat des affaires, calculé à partir des réponses des chefs d'entreprise interrogés chaque mois par l'institut, s'est inscrit à 110 ce mois-ci, en baisse de deux points par rapport à décembre.
La recul provient des secteurs des services et du bâtiment, dont les indicateurs perdent tout ou partie de leur avancée du mois dernier (-2 points à 109 pour les services et -1 point à 108 pour le bâtiment).
Celui du commerce de détail est resté en revanche stable à 114 mais celui du commerce de gros, calculé tous les deux mois, perd cinq points à 111.
L'Insee souligne que ces indicateurs restent largement au-dessus de leur moyenne de longue période, calée à 100.
L'indicateur de l'industrie manufacturière gagne de son côté un point à 113 et retrouve son plus haut depuis décembre 2007, touché en novembre. Les économistes interrogés par Reuters l'attendaient stable à 112.
Sa progression tient pour l'essentiel à l'optimisme toujours croissant des industriels sur les perspectives générales de production de leur secteur, le solde d'opinion correspondant étant à son plus haut depuis juillet 2000.
Les chefs d'entreprise sont également encore plus optimistes sur l'évolution de leurs carnets de commandes, tant globaux qu'étrangers.
Sans surprise, l'enquête trimestrielle dans l'industrie manufacturière publiée en parallèle fait apparaître une hausse des tensions sur l'appareil de production.
Le taux d'utilisation des capacités de production atteint ainsi 85,8% dans le secteur, 1,2 point de plus que dans la précédente enquête et un plus haut depuis janvier 2008.
GOULOTS DE PRODUCTION
La proportion d'industriels estimant qu'ils ne pourraient pas produire plus s'ils recevaient plus de commandes va également croissant, le niveau des goulots de production, en hausse continue depuis fin 2016, se rapprochant de celui de fin 2000-début 2001.
Dans ce contexte, les industriels sont un peu plus nombreux à envisager une augmentation qu’une baisse de leurs effectifs au cours des trois prochains mois, même si la proportion de ceux qui signalent des difficultés de recrutement est à un niveau très élevé (41%, soit 14 points de plus qu'il y a un an).
Dans les services, la baisse de l'indicateur tient à des anticipations en retrait s'agissant de l'activité à venir même si l'opinion d'ensemble sur la demande adressée au secteur est stable.
L'Insee a publié parallèlement un indicateur du moral des ménages français quasi stable pour janvier, sa baisse d'un point, à 104, tenant à des arrondis (104,4 après 104,6 en décembre). Il évolue là encore largement au-dessus de sa moyenne de longue période fixée elle aussi à 100.
L'évolution d'un mois sur l'autre tient à une dégradation de l'opinion des ménages sur leur situation financière future. Mais leurs craintes sur le chômage sont en recul sensible.
Les données publiées vendredi, comme celles diffusées dans la semaine par l'institut IHS Markit sur le secteur privé français, confortent le scénario de poursuite de la croissance de l'activité dans les mois qui viennent et, au-delà, sur l'ensemble de 2018.
Les économistes interrogés par Reuters viennent de relever de 0,3 point, à 2,0%, leurs prévisions pour la croissance cette année, soit un rythme légèrement supérieur à celui attendu par l'Insee pour 2017 (1,9%), dont la première estimation officielle sera connue mardi.
Dans une note publiée vendredi, les économistes de la banque Barclays (LON:BARC) sont plus optimistes encore et relèvent de 0,5 point leur prévision de croissance française 2018 à 2,4%.
Ils motivent cette décision par l'anticipation d'un impact moins pesant du commerce extérieur sur la croissance et plus positif de la consommation des ménages en lien avec l'amélioration de l'emploi, tandis que le moral élevé des chefs d'entreprises devrait continuer à soutenir l'investissement.
(Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse)