Boeing (NYSE:BA) a relevé mercredi ses objectifs financiers annuels mais ses résultats trimestriels ont été affectés par une nouvelle charge liée à l'avion ravitailleur KC-46, seul programme militaire américain majeur décroché par l'avionneur pour les prochaines années.
Le bénéfice net a plongé de 18,7% à 1,85 milliard de dollars lors du troisième trimestre achevé en septembre, a annoncé le constructeur aéronautique. Ce recul est dû à une charge totale de 329 millions de dollars due à une hausse des coûts du KC-46.
Boeing a notamment dû "incorporer des changements dans la production initiale du premier exemplaire" à l'approche de la phase de tests et du processus de certification.
La première livraison du KC-46 est prévue en août à l'armée américaine, qui a déjà octroyé un contrat de 2,8 milliards de dollars à l'avionneur pour lui livrer 18 appareils. L'objectif à terme pour Boeing est de vendre 179 exemplaires au Pentagone.
En 2016, les charges liées à ce tanker, version militaire de l'avion de ligne 767, s'étaient élevées à plus de 2 milliards de dollars du fait de problèmes de conception et de production ayant retardé les livraisons.
Le directeur financier Greg Smith avait pourtant assuré il y a quelques mois que le KC-46 n'affecterait plus les profits.
A Wall Street, le titre reculait de 0,21% à 265,50 dollars vers 13H10 GMT dans les échanges électroniques de pré-séance. Depuis le début de l'année, il a gagné près de 71% tirant dans son sillage le Dow Jones, l'indice vedette de la place new-yorkaise.
- Interrogations sur les services -
Les difficultés continues du KC-46 n'ont pas empêché Boeing de relever ses objectifs financiers 2017.
Le bénéfice par action ajusté, référence en Amérique du nord, est prévu désormais dans une fourchette de 9,90 à 10,10 dollars en 2017, contre de 9,80 à 10 dollars auparavant, tandis que la trésorerie devrait augmenter à 12,5 contre 12,25 milliards de dollars auparavant.
Cet optimisme "est nourri par l'anticipation d'un taux d'imposition inférieur à ce que nous prévoyions" jusqu'ici, explique le constructeur aéronautique, qui n'évoque toutefois pas la grande réforme fiscale promise par Donald Trump devant abaisser nettement le taux d'imposition des entreprises.
Lors du trimestre sous-revue, le chiffre d'affaires a augmenté de 1,7% à 24,31 milliards de dollars, grâce notamment à la livraison de 202 appareils, un "record".
Les livraisons sont un baromètre de la santé financière d'un groupe aéronautique car les compagnies aériennes règlent traditionnellement quand elles prennent possession de l'appareil.
Boeing a augmenté les cadences de production du 737, à 47 unités par mois, et confirmé la hausse du rythme de fabrication du 787, à 14 par mois à partir de 2019 contre 12 appareils actuellement.
Cette dernière décision suggère que les besoins des compagnies aériennes pour les avions long-courriers ne fléchit pas malgré le succès des moyen-courriers.
Le carnet de commandes était estimé à 474 milliards de dollars au prix catalogue au 30 septembre pour 5.700 avions commerciaux à produire.
La direction devrait répondre dans la journée aux questions attendues des analystes sur la rentabilité de la nouvelle division du groupe, BGS (Boeing Global Services), créée fin 2016 pour prendre une part importante d'un marché estimé à plus de 2.500 milliards de dollars dans les dix prochaines années du fait d'une hausse du trafic aérien mondial.
Sa marge opérationnelle n'est ressortie qu'à 14,2%, contre 14,9% au troisième trimestre 2016 alors qu'elle était encore intégrée aux divisions aviation civile et militaire.
Boeing nourrit de grandes ambitions dans les services aéronautiques qui englobent la maintenance des appareils (réparation et révision), la modification des cabines, la connectivité des avions, la gestion des systèmes de navigation aérienne, les services d'ingénierie et de traitement des données d'information, la formation...
Il vise un chiffre d'affaires de 50 milliards de dollars par an dans les cinq à dix prochaines années mais au troisième trimestre, celui-ci n'était que 3,6 milliards de dollars.