par Claude Chendjou
PARIS (Reuters) - Wall Street est attendue dans de faibles variations vendredi et les Bourses européennes évoluent prudemment dans le vert à mi-séance après la publication des chiffres de l'inflation en zone euro et avant les données sur la consommation des ménages américains et l'indice des prix PCE, une statistique particulièrement surveillée par la Réserve fédérale américaine (Fed). A l'entame de la dernière séance d'un trimestre démarré dans l'euphorie avant l'émergence d'une crise bancaire début mars, les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en hausse de 0,27% pour le Dow Jones, de 0,16% pour le Standard & Poor's 500 et une stagnation pour le Nasdaq. À Paris, le CAC 40, qui a gagné à ce stade 12,31% sur le trimestre, prend 0,53% à 7.301,7 points vers 11h05 GMT. À Francfort, le Dax avance de 0,38% et à Londres, le FTSE s'octroie 0,25%.
L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 gagne 0,47% et l'EuroStoxx 50 de la zone euro 0,38%. Le Stoxx 600, qui s'achemine vers un gain trimestriel de 7,47%, progresse de 0,4%.
Les investisseurs prendront connaissance à 12h30 GMT des chiffres de février sur les revenus et dépenses des ménages américains, qui incluent l'indice des prix PCE. Dans sa version "core", c'est à dire en excluant l'énergie et les produits alimentaires, cet indicateur d'inflation privilégié par la Fed est donné par le consensus Reuters en décélération de 0,4% sur un mois (contre +0,6% en janvier) et une augmentation à 4,7% sur un an, comme en janvier.
En zone euro, l'inflation globale a affiché en mars son ralentissement le plus marqué, à +7,1% après +8,5% sur un an, mais en faisant abstraction des éléments volatils la hausse des prix s'est amplifiée, selon la première estimation d'Eurostat. Dans le sillage des chiffres publiés jeudi en Allemagne et en Espagne, l'inflation en France harmonisée aux normes européennes a ralenti en mars à 6,6% sur un an, mais les prix dans l'alimentation ont accéléré.
Sur le plan de la conjoncture, le taux de chômage dans la zone euro est, lui, resté stable en février, à 6,6% de la population active, tandis que la Grande-Bretagne a échappé de peu à une récession au quatrième trimestre avec une croissance de 0,1%. Les ventes au détail en Allemagne ont baissé contre toute attente en février, de 1,3% sur un mois, et en France, la consommation des ménages a reculé de 0,8% en février. Aux Etats-Unis, les dépenses de consommation, qui représentent plus de deux tiers de l'activité économique, devraient avoir progressé de 0,3% en février après un bond de 1,8% en janvier.
Ces données mitigées laissent perplexes les analystes alors que les indices boursiers ont fortement progressé sur l'ensemble du trimestre, notamment dans le compartiment technologique qui prend plus de 19% depuis le début de l'année aussi bien sur le S&P-500 que le Stoxx 600, dans l'espoir d'une accalmie sur le coût du crédit.
"Ce qui nous attend est délicat. Nos prévisions de croissance économique et de taux d'intérêt varient grandement", a déclaré Willem Sels de HSBC (LON:HSBA), estimant que le marché devra réexaminer la perspective d'une politique moins restrictive des banques centrales au regard notamment des données sous-jacentes sur l'inflation.
Deux responsables de la Fed, John Williams et Lisa Cook, doivent s'exprimer ce vendredi tandis qu'un discours de Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) est attendu à 15h00 GMT, à l'occasion d'un événement organisé à Florence.
VALEURS EN EUROPE
Parmi les principaux compartiments de la cote européenne, les valeurs liées à la consommation (+1,6%) sont particulièrement recherchées. Carrefour (EPA:CARR) prend 2,24% sur le CAC 40, tandis que H&M (ST:HMb) gagne encore 2,21% au lendemain d'un bond de 16% lié à ses résultats, plusieurs intermédiaires ayant relevé leurs conseils et objectifs de cours sur le géant suédois.
L'indice des banques, en repli de 0,38%, pâti des annonces de la Maison blanche en faveur d'un retour à la régulation des petites et moyennes banques.
Dans les autres secteurs, ABB gagne 1,46% en réaction à l'annonce d'un nouveau plan de rachat d'actions, tandis que l'allemand Sartorius chute de 5,06% après l'annonce du rachat pour 2,4 milliards d'euros du français Polyplus, spécialiste de la thérapie génique. LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET
CHANGES
Le dollar progresse de 0,31% face à un panier de devises de référence mais accuse à ce stade une perte de 1,2% sur l'ensemble du trimestre.
L'euro recule de 0,31% à 1,0867 dollar mais gagne sur la semaine plus de 1%, se dirigeant vers sa meilleure performance hebdomadaire depuis la mi-janvier.
TAUX
Les rendements obligataires à long terme en Europe sont globalement stables mais ceux à court terme, les plus sensibles à l'évolution des taux d'intérêt, progressent après les chiffres de l'inflation. Le rendement du Bund allemand à deux ans prend environ 4,5 points, à 2,747%, après avoir gagné 41 points cette semaine, sa plus forte hausse hebdomadaire depuis 1990.
Aux Etats-Unis, le même phénomène est observé, avec le rendement des Treasuries à deux ans qui gagne plus de six points de base à 4,1472% alors que le dix ans est pratiquement inchangé à 3,5469%.
PÉTROLE
Le marché pétrolier progresse vendredi avant l'indice PCE des prix aux Etats-Unis qui pourrait donner des indications sur la trajectoire des taux.
Le Brent prend 0,42% à 79,60 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) de 0,71% à 74,90 dollars.
Les deux références du pétrole, qui ont gagné respectivement cette semaine près de 5% et environ 7%, s'acheminent toutefois vers leur plus forte baisse mensuelle depuis novembre, avec pour le moment des replis respectifs de 6% et 4%.
(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Kate Entringer)