Une cinquantaine d'ex-salariés français de Saudi Oger, un groupe de BTP saoudien détenu par la famille du Premier ministre libanais Saad Hariri, ont saisi les prud'hommes de Bobigny pour obtenir le paiement de leurs arriérés de salaires, a-t-on appris mercredi auprès de leur avocate.
Ces Français, qui travaillaient pour la filiale Oger International, dont le siège est à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), réclament individuellement de 30.000 à 150.000 euros d'indemnités, a indiqué à l'AFP leur conseil, Caroline Wasserman, et ce au titre des salaires et indemnités de fin de contrat qui n'ont pas été réglés, les arriérés les plus anciens remontant à la mi-2015, a-t-elle précisé.
Alors qu'une première audience de conciliation se tiendra devant les prud'hommes le 13 septembre, l'avocate entend également déposer plainte "dans le courant de l'été" auprès du parquet de Bobigny au motif que "certaines cotisations retraite ont été prélevées, mais pas reversées" aux caisses de retraite en France, notamment à Pro-BTP.
Saudi Oger a déjà licencié des milliers d'employés depuis que la baisse des cours du pétrole, principale recette de l'Arabie saoudite, a fait se réduire comme peau de chagrin les grands projets de construction dans le royaume.
En cours de liquidation, l'ex-géant de la construction a annoncé à ses employés dans un courrier qu'il cesserait ses activités "fin juillet", a indiqué l'un d'eux à l'AFP.
En septembre dernier, 200 expatriés français de Saudi Oger avaient reçu du gouvernement saoudien l'équivalent de neuf mois de salaires impayés après des négociations directes entre Ryad et Paris.
Selon Me Wasserman, certains employés se sont retrouvés dans une situation délicate quand, endettés en raison des retards de paiement qu'ils subissaient, ils ont été empêchés de quitter la territoire par les autorités saoudiennes. "C'est l'intervention énergique de l'ancien ambassadeur de France à Ryad Bertrand Besancenot, qui a permis de débloquer les choses", a affirmé l'avocate, qui a également écrit au ministère des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
"J'estime que l'attitude du Premier ministre libanais qui est propriétaire de cette société est parfaitement irresponsable", a-t-elle encore affirmé.