Le plan d'urgence que le gouvernement doit présenter face à la colère et la détresse des éleveurs constituera une "petite bulle d'air" mais "ne résoudra rien sur le fond", estiment mercredi les éditorialistes.
Pour Le Figaro (Paul-Henri du Limbert), le gouvernement a fait preuve d'une "coupable cécité" et le ministre Stéphane Le Foll "n'a guère de solutions à apporter à la détresse des paysans...Si ce n’est des remèdes d’urgence, par définition insuffisants."
Alors que François Hollande est déjà en campagne pour la présidentielle de 2017, Jean-Marie Montau ironise dans Le Parisien sur les tentatives du chef de l'Etat pour conquérir les Français: "sans être cynique, on se dit qu'en plein été, ce coup de chaud des éleveurs mérite bien un plan d'urgence".
"Au-delà de la classique controverse sur les marges des intermédiaires, chacun sait que le modèle de production agricole français... est menacé par l’obsolescence", relève Laurent Joffrin (Libération). "L’avenir appartient à une agriculture moins vorace en eau et en énergie, plus proche des consommateurs, capable d’utiliser la biomasse pour se fournir en énergie ou de réduire la part des entrants chimiques dans ses processus de production. Une agriculture adaptée à l’inévitable changement des goûts des consommateurs, qui voudront de plus en plus de la qualité, moins de protéines animales, une traçabilité sans faille et des produits cultivés non loin de chez eux."
"Si le gouvernement doit vite répondre à l'urgence réelle de la situation de milliers d'éleveurs au bord de la faillite, il ne peut plus faire l'économie de la réorganisation d'une filière structurellement moribonde", assure également Dominique Garraud (La Charente Libre).
"Éleveur, des journées de chevaux, une vie de chien et peut-être de cochon", résume Denis Daumin (La Nouvelle République), assurant que "jamais la trésorerie des exploitations n'a été plus délabrée."
Une autre politique agricole est-elle possible ?", s'interroge pour sa part Pascal Coquis (Les Dernières Nouvelles d'Alsace). "Un énième plan d’aide d’urgence" viendra "atténuer la détresse et la colère des éleveurs", constituant "une petite bulle d’air pour ceux qui sont au bord du gouffre, mais une fois de plus il ne résoudra rien sur le fond... Car les agriculteurs français vivent depuis des décennies sur un modèle économique, social et environnemental qui ne fonctionne pas". A cet égard, la France "a besoin" d'une "mutation profonde" qui sera "longue, douloureuse mais nécessaire", analyse l'éditorialiste du quotidien alsacien.
Et Yves Harté (Sud-Ouest) d'enfoncer le clou: "c’est un changement radical de vie qu’il faudrait assumer, cruel mais nécessaire, et qui dénoncerait la politique de la vie pas chère et le retour à la juste valeur de ce qui est patiemment cultivé ou élevé".