PARIS (Reuters) - Manuel Valls a défendu lundi le rôle du couple franco-allemand dans l'accord trouvé sur un nouveau plan d'aide à la Grèce, après plusieurs jours marqués par un durcissement à Berlin et de vives critiques venues de France.
Le président François Hollande et la chancelière Angela Merkel ont eu plusieurs apartés avec le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, durant la longue nuit de négociation qui a abouti à l'annonce d'un accord lundi matin.
Alors que Berlin évoquait une sortie temporaire de la zone euro en cas d'échec du sommet, la France voulait son maintien et plusieurs responsables de la gauche radicale ou de la droite souverainiste ont eu des mots durs à l'endroit de l'Allemagne, avant et après l'annonce de l'accord.
"Qu'il y ait des divergences, des désaccords, des sensibilités différentes, ce n'est pas nouveau, heureusement, nous sommes deux grands pays", s'est défendu le Premier ministre, sur BFM TV.
"Et en même temps, s'il y a eu un accord, c'est parce qu'il y a eu une convergence de vues entre la France et l'Allemagne. Le coupe franco-allemand est plus que jamais nécessaire", a-t-il ajouté.
Manuel Valls a rappelé qu'au lendemain du référendum en Grèce, où la population s'était massivement opposée à une proposition des institutions européennes, Angela Merkel était venue à Paris pour évoquer le dossier avec François Hollande.
"Le couple franco-allemand est indestructible", a-t-il insisté.
Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, s'est affiché avec son homologue allemand, Frank-Walter Steinmeier, à Vienne, où les deux hommes participent aux négociations sur le nucléaire iranien, pour souligner l'apport majeur de l'attelage Paris-Berlin dans l'issue de la crise grecque.
"Je voulais souligner à quel point les relations franco-allemandes ont été déterminantes pour arriver à un compromis et rassembler l'ensemble des Européens derrière l'accord de Bruxelles", a dit Laurent Fabius.
"Je pense que c'est cela aussi une des leçons principales de ce qui s'est passé (...) cette notion de l'amitié franco-allemande et de l'alliance entre la solidarité et la responsabilité, c'est quelque chose que je voulais souligner."
"INSULTES INSUPPORTABLES"
A ses côtés, Frank-Walter Steinmeier a estimé que "nous ne serions pas là où nous en sommes après une nuit de longues et difficiles négociations sans la coopération franco-allemande".
Or, de nombreux responsables politiques ont mis en doute l'entente franco-allemande, notamment Nicolas Sarkozy qui, dimanche, avait appelé François Hollande à "se ressaisir" et à "refaire son unité" avec Angela Merkel.
Eric Woerth a estimé que cet appel n'était "visiblement pas resté lettre morte". "Il y a bien des propositions allemandes qui sont acceptées par la France et le couple franco-allemand, il est majeur", a dit sur BFM TV l'ancien ministre, chargé du projet des Républicains.
Les propos de l'ex-chef de l'Etat n'ont pas été du goût du gouvernement, à commencer par Manuel Valls qui a appelé à être "à la hauteur des responsabilités, actuelles ou passées".
"Quand on est un ancien chef de l'état, un ancien président de la République, on n'affaiblit pas la position de la France, on aide son pays quoi qu'il arrive", a-t-il dit sur France Inter.
"C'est le rôle de la France que de trouver un compromis et on viendrait affaiblir cela par des prises de positions qui d'ailleurs changent au gré des jours ou des semaines en fonction des positions des autres candidats à la primaire de la droite ? Tout cela n'a aucun sens."
Le Premier ministre a été plus sévère envers ceux qui ont attaqué frontalement l'Allemagne et évoqué "un 4e Reich", tel le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan sur Twitter, ou une volonté de "détruire l'Europe", comme Jean-Luc Mélenchon.
"L'Allemagne veut écraser la Grèce en lui faisant accepter sous la menace d'un Grexit un plan mortel de soumission totale ! Le 4ème Reich !", écrivait le premier lundi matin.
"Pourquoi est-ce que c'est à partir des positions de Mme Merkel qu'on discute de tout en Europe ? Le gouvernement allemand (...) pour la troisième fois, est en train de détruire l'Europe, ce n'est pas acceptable", a dit le second sur iTELE.
Des "insultes insupportables" selon manuel Valls, des mots "qui dépassent tout entendement".
"L'Allemagne est une démocratie, une partenaire", a-t-il dit en soulignant la coopération entre les deux pays dans le dossier ukrainien. "Il y a un équilibre entre la France et l'Allemagne", a-t-il dit.
(Gregory Blachier, avec John Irish à Vienne, édité par Yann Le Guernigou)