Investing.com - L’attention des investisseurs se déplace. Auparavant, l’attention se portait sur le MAG 7, ce club fermé de titans cotés en bourse aux États-Unis et liés à la technologie et, en particulier, à l’IA. Aujourd’hui, la nouvelle sensation boursière est "Le(s) S.T.A.R.S.". Derrière cet acronyme se cachent Leonardo, Saab, Thales (EPA:TCFP), Airbus (EPA:AIR), Rheinmetall et Safran (EPA:SAF), 6 valeurs cotées dans l’UE et acteurs majeurs du secteur de la défense et de l’aéronautique, une industrie en pleine effervescence.
C’est ce qu’affirme Clément Inbona, gestionnaire de fonds à La Financière de l’Échiquier. Annoncé le 4 mars par la Commission européenne, le plan ReArm Europe vise à mobiliser 800 milliards d’euros pour rendre "l’Europe plus sûre et plus résiliente", selon les termes d’Ursula Von der Leyen. "Face à un parapluie de l’OTAN de moins en moins couvrant et à la menace russe qui se profile dans la région, l’Union européenne a pris conscience de la situation", explique Inbona.
"Cependant, il existe encore de nombreux obstacles à une réponse efficace à ce défi stratégique", ajoute Inbona.
"Tout d’abord au niveau budgétaire, où les crédits liés à la défense ne seront plus soumis au corset bruxellois limitant le déficit à %, ce qui constitue une avancée majeure. Ensuite au niveau des dépenses. Certains pays sont favorables à une préférence pour les entreprises continentales, une position défendue notamment par la France, tandis que d’autres, comme l’Allemagne, émettent quelques réserves", précise Inbona.
Au niveau du financement des entreprises, les barrières tombent. "Si le secteur a longtemps été stigmatisé par des questions éthiques, l’aspect létal ayant pris le pas sur les enjeux de défense et de dissuasion, les approches changent là aussi", précise Inbona.
"En France, par exemple, l’association d’investisseurs institutionnels Af2i a déclaré dans son rapport ESG et financement de l’industrie de défense qu’"il semble que la dimension ESG et le financement d’une certaine industrie militaire puissent être compatibles, à condition que certaines conditions opérationnelles soient respectées", indique Inbona.
"Plus récemment, il y a eu un rebondissement qui symbolise cette (r)évolution : Euronext (EPA:ENX) envisageait d’exclure Airbus, Thales et Safran de son indice CAC ESG à la suite d’un changement d’agence de notation ESG qui avait évalué cette société de manière plus défavorable, mais la pression médiatique et politique a abouti au maintien de ces valeurs dans l’indice", ajoute-t-il.