par Marc Angrand
PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes sont attendues en légère hausse jeudi, dans le sillage de Wall Street et des grandes places asiatiques, après la première hausse de taux de la Réserve fédérale américaine depuis 2018 et les déclarations russes et ukrainiennes laissant espérer une issue négociée au conflit entre les deux pays.
Les contrats à terme sur indices suggèrent une ouverture en progression de 0,32% pour le Dax à Francfort et de 0,35% pour l'EuroStoxx 50 tandis que le FTSE 100 à Londres est attendu stable. Quant au CAC 40 à Paris, il pourrait prendre 0,2% environ selon les premières indications disponibles.
La Fed a annoncé mercredi une hausse d'un quart de point de son principal taux directeur, comme anticipé par les marchés, et elle a laissé entendre qu'elle pourrait en décider six autres d'ici la fin de l'année afin de combattre l'inflation. Elle a en outre confirmé son intention de commencer à réduire son bilan dans les prochains mois, sans toutefois préciser les modalités de ce processus.
Les prévisions de la banque centrale américaine montrent aussi que la hausse des taux pourrait se poursuivre l'an prochain mais son président, Jerome Powell, assuré que l'économie était assez solide pour supporter un resserrement monétaire de cette ampleur.
"La Fed n'a pas changé la donne. Elle a relevé les taux comme attendu, elle a revu à la baisse sa prévision de croissance pour cette année et elle a relevé ses prévisions d'inflation mais cela n'a rien de surprenant", estime Ryan Detrick, responsable de la stratégie de marché de LPL Financial.
Le sentiment de marché est par ailleurs porté par l'espoir de voir les négociations entre Ukrainiens et Russes aboutir à un cessez-le-feu et l'évocation par Moscou de la possibilité d'un statut neutre pour l'Ukraine, même si les combats se poursuivent sur plusieurs fronts.
Troisième facteur favorable aux actions européennes: la poursuite du rebond des Bourses de Shanghai et Hong Kong après la promesse de Pékin de prendre des mesures pour stabiliser les marchés financiers.
La séance à venir sera animée entre autres par les annonces de politique monétaire de la Banque d'Angleterre, qui devrait poursuivre le relèvement de son taux directeur pour tenter de juguler l'envolée des prix.
A WALL STREET
La Bourse de New York a fini en nette hausse mercredi après le relèvement attendu des taux de la Fed et les nouveaux indices de progrès dans les discussions entre Moscou et Kyiv au 21e jour de l'invasion russe en Ukraine.
L'indice Dow Jones a gagné 1,55%, ou 518,76 points, à 34.063,10, le Standard & Poor's 500 a pris 95,41 points (+2,24%) à 4 357,86 et le Nasdaq Composite a avancé de 487,93 points (+3,77%) à 13 436,55.
Les trois grands indices, qui avaient profité auparavant de l'évolution des pourparlers entre Moscou et Kyiv, malgré la poursuite de la guerre en Ukraine, ont basculé brièvement dans le rouge à l'annonce du relèvement des taux deux heures avant la clôture, avant de se redresser et de terminer en territoire positif après les déclarations de Jerome Powell.
Les contrats à terme suggèrent pour l'instant une ouverture proche de l'équilibre.
EN ASIE
À la Bourse de Tokyo, l'indice Nikkei a gagné 3,46% et inscrit un plus haut de deux semaines, profitant de l'élan donné par Wall Street après les décisions de la Fed et des espoirs de voir aboutir les négociations Ukraine-Russie. SoftBank a pris 5,89% après le rebond de plus de 36% d' Alibaba (NYSE:BABA), l'une de ses principales participations.
En Chine, les actions amplifient leur remontée après les déclarations des autorités sur leur volonté de soutenir l'économie et de stabiliser les marchés financiers: le SSE Composite de Shanghai progresse de 1,68% et le CSI 300 de 2,45%. À Hong Kong, le Hang Seng avance de 5,29% après avoir déjà repris 9,08% mercredi.
CHANGES/TAUX
Malgré la perspective de la hausse des taux américains, le dollar est orienté à la baisse face à un panier de devises de référence (-0,16%), l'espoir sur l'Ukraine le privant de son attrait de valeur refuge.
Mais mais il s'apprécie face au yen, proche du plus bas de six ans inscrit mercredi en raison du décalage croissant entre les politiques monétaires américaine et japonaise.
L'euro, lui, cède un peu de terrain face au billet vert à 1,1029 (-0,03%). La livre est en revanche bien orientée avant les annonces de la Banque d'Angleterre.
Sur le marché obligataire, le rendement des bons du Trésor américain à dix ans recule à 2,1403%, dix points de base en dessous du pic atteint peu après les annonces de la Fed.
La fin de séance américaine a été dominée par l'aplatissement de la courbe des rendements, les plus courts profitant de la perspective tracée par la Fed tandis que les plus longs reculaient de crainte de voir le resserrement monétaire accroître le risque d'une récession.
PÉTROLE
Le marché pétrolier monte après l'avertissement lancé par l'Agence internationale de l'énergie sur le risque de voir le marché mondial privé de trois millions de barils par jour de brut russe à partir d'avril.
Le Brent gagne 1,72% à 99,71 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 1,7% à 96,66 dollars.
Tous deux avaient fini en baisse mercredi après l'annonce d'une augmentation inattendue des stocks de brut aux Etats-Unis la semaine dernière et les signes de progrès dans les discussions entre l'Ukraine et la Russie.
(édité par Nicolas Delame)